N°92 – Heiva des écoles, haut-lieu de la transmission du savoir
Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui
Rencontre avec Makau Foster et Tuahiti Vernaudon, directrices des écoles de danse Tamariki Poerani et Ori Tuahiti.
Texte et photos : SF.
Le 21ème Heiva des écoles de danse traditionnellE s’ouvre ce mois-ci. Certaines écoles y participent depuis sa création, d’autres font leurs débuts sur scène. Rencontre avec Tamariki Poerani et Ori Tuahiti.
« Ton bassin doit travailler tout seul pour que tes mains puissent bouger de manière indépendante ». Dans la petite salle à l’étage d’un bâtiment de la rue Paul Gauguin, à Papeete, Makau Foster prodigue ses précieux conseils à ses élèves. Il ne reste plus que quelques semaines avant l’incontournable Heiva des écoles, organisé du 28 mai au 6 juin. Cette figure du ‘ori tahiti y participe depuis sa création et a l’habitude de préparer ses danseurs à cet événement. Avec le Conservatoire de Polynésie, Tamariki Poerani fut la première école à avoir participé à ce Heiva. C’était il y a 21 ans. « A l’époque, on ne dansait pas vraiment, c’était mal vu notamment des bonnes familles », confie cette grande dame de la danse qui force le respect tant son dévouement pour la culture et les traditions polynésiennes est grand. Et cela se ressent dans ses spectacles. D’ailleurs, pour ce Heiva des écoles 2015, Makau Foster a désiré revenir vers le passé en choisissant le thème de la nostalgie. « J’avais besoin de revenir vers une musique plus traditionnelle et entendre de nouveau les battements de cœur des vieux chants tahitiens. Je trouve qu’il y a trop de chants modernes, plus personne n’écrit comme avant ».
Le maître et l’élève
C’est donc sur le rythme des chansons d’Esther, de Mary Mengarelli ou encore d’Aratika que les élèves de Tamariki Poerani balancent leurs hanches et placent leurs bras ou leurs pieds. Mais avant de commencer à appliquer les gestes sur la musique, Makau Foster décortique avec ses apprentis les paroles des chansons programmées pour ce Heiva. « C’est la première chose à faire. Il faut connaître les mots pour comprendre ce que l’on fait sinon cela n’a pas de sens », confie celle qui a vu, au fil du temps, les écoles s’ouvrir et pousser comme des champignons sur Tahiti. Certaines ont même été crées par des anciennes élèves, comme Tuahiti Vernaudon. Formée par Makau Foster, la jeune femme de 27 ans a ouvert sa première école de danse à Mahina, en octobre 2013 : Ori Tuahiti. « Makau, c’est mon idole. J’ai toujours aimé sa grâce et son attachement aux traditions. Aujourd’hui, j’enseigne ce qu’elle m’a appris », confie celle qui fut élue meilleure danseuse avec le groupe Hitireva lors du Heiva 2007. A l’instar de son professeur, Tuahiti Vernaudon est attachée à l’aspect traditionnel de la danse tahitienne. « Les chiens ne font pas des chats ! », s’amuse la jeune femme, fière d’emmener pour la seconde année ses élèves au Heiva des écoles. « Nous ne sommes pas nombreuses, seulement une quarantaine d’élèves, mais les filles sont vraiment heureuses de pouvoir y participer ! » raconte cette danseuse chevronnée, ravie de l’engouement de ses apprentis qui, après le succès de leur premier Heiva en 2014, ont demandé à participer à celui de cette année. « C’est important pour eux comme pour moi ».
La qualité avant tout
Pour les élèves, monter au Heiva, c’est une manière de montrer de quoi on est capable ; pour les professeurs, c’est surtout un moyen de montrer son travail, et, pour les jeunes écoles, de se faire connaître. « J’ai un peu plus d’élèves qui se sont inscrits dans mon école », confirme Tuahiti Vernaudon qui n’ose pas encore se comparer à celle qui fût sa professeure. Makau Foster ne connait pas elle-même le nombre d’élèves inscrits dans son école. Et d’ailleurs, peu lui importe. Son intérêt, cette danseuse emblématique le porte plutôt sur la qualité du travail et le respect de la culture. « Avant, mes élèves étaient investies et intéressées. Aujourd’hui, les temps ont changé. Mes filles sont plus dissipées et moins assidues », constate avec une touche de regret mais sans reproche Makau Foster, qui interrompt le cours quelques secondes. « Là, il parle de la mer, donc faites bien vos mouvements de bras ! ».
Des costumes faits main
Exigeante et généreuse, Makau continue d’encenser les traditions par la danse mais aussi la couture. Certaines de ses élèves, douées avec le fil et l’aiguille, ont crée la robe du spectacle de cette année. D’abord dessinée par Cruz, cette dernière a ensuite été peinte à la main. « Elle est très colorée et originale », explique Moea, 40 ans, une élève fidèle de Makau Foster. Cette mère de famille se sent prête pour son premier Heiva des écoles. Tout comme Tuahiti Vernaudon, la jeune directrice de Ori Tuahiti. « Au niveau danse, on est prêtes ! », affirme-t-elle, enthousiaste. Elle va bientôt s’atteler à la conception des costumes. Une tâche qu’elle va devoir accomplir seule, son école étant encore un peu petite pour envisager d’embaucher des mains en plus. « L’expérience du Heiva me fait grandir, j’espère un jour être au même niveau que Makau Foster ». En attendant, on lui souhaite comme à toutes les autres écoles bonne chance pour ce Heiva 2015 !
21ème Heiva des écoles de ‘ori tahiti : Pratique
Du 28 au 30 mai au Grand Théâtre de la Maison de la Culture, à 18h00
Du 4 au 6 juin à To’ata, à 18h00
Voir le détail des groupes dans notre programme
Tarifs :
– Grand Théâtre : tarif unique 1 500 Fcfp / gratuit pour les – 2 ans avec billet BB
– To’ata : 500 Fcfp, 1 000 Fcfp et 1 500 Fcfp / gratuit pour les – 2 ans avec billet BB
Vente des billets sur place uniquement à la Maison de la Culture partir du lundi 11 mai de 09h00 à 18h00 et sur place 1 heure avant les soirées
Renseignements 40 544 544 – www.maisondelaculture.pf