N°90 – « Tender », consacré au 12ème FIFO par le grand prix du jury
Maison de la Culture – Te FareTauhiti Nui
Rédaction : ASF.
Parler de la mort est souvent dérangeant, troublant, bouleversant, inquiétant. Avec « Tender », le Grand prix du jury FIFO – France Télévisions, la mort est synonyme de dignité et d’unité.
« Tender, le grand gagnant, est un film fort et universel, il est très proche du cinéma », confiait Jan Kounen à l’issue de la cérémonie de remise de prix du FIFO. Ce documentaire australien réalisé par LynettWallworthet produit par ScarletPictures a reçu le Grand prix du jury du FIFO le 6 février dernier. Quelques jours plus tôt, sa réalisatrice recevait le prix du meilleur documentaire TV aux AACTA Awards (AustralianAcademy of Cinema and Television Arts Awards). C’est dire la force de ce film qui met en scène une petite ville sans charme de la côte australienne où seules les hautes cheminées de l’usine métallurgique offrent du relief. C’est là que vit une petite communauté joyeuse et festive -composée essentiellement de femmes- qui, pour diverses raisons financières, écologiques ou spirituelles, se lance dans la création d’un service public funéraire avec l’objectif d’offrir une alternative aux funérailles classiques. Néophyte en matière de pompes funèbres, on suit cette bande un peu déjantée dans des scènes souvent cocasses. On sourit de les voir s’extasier devant un cercueil décoré de grives et autres oiseaux ; on rit quand un membre, à l’étroit dans un cercueil, s’inquiète d’avoir trop de poitrine.
En attendant la mort
Si l’humour est la meilleure arme pour dédramatiser un sujet pourtant grave et inéluctable, l’émotion, la tristesse finit par vous envahir au fur et à mesure que les minutes passent ; en douceur, sans bruit, elle vous serre la gorge. Nigel, un des rares hommes du groupe, est en effet condamné. Atteint d’un cancer, on le voit tout au long du film vaciller, s’éteindre doucement sans jamais parler de cette mort qui le rattrape. Un peu en retrait, assis sur son fauteuil vert avec un chien très laid pour lui tenir compagnie, il observe ses amis s’activer pour mener à bien ce projet. La joyeuse équipe, elle, devient plus grave et avec beaucoup de pudeur, se prépare à organiser ce moment fatidique qui va les bouleverser.
Moments intimes
Si le sujet de la disparition est un thème régulièrement abordé dans les œuvres cinématographiques ou dans les documentaires, « Tender » offre pour sa part un moment rare et extrêmement intime. C’est en cela qu’il est sans doute exceptionnel. La réalisatrice filme, par exemple, la toilette mortuaire de Nigel par ses amis et sa famille. Un moment bouleversant, filmé en plans très serrés pour accentuer ce sentiment de proximité affective et le besoin pour les proches de Nigel de lui rendre toute sa dignité, mais aussi de lui dire au revoir. Dans chaque geste on ressent la tendresse, dans chaque mouvement, on perçoit le respect. Un rituel important qui leur permettra sans doute d’entamer le deuil plus sereinement. Ce documentaire nous touche forcément car il humanise le moment des funérailles, un moment qui échappe souvent aux familles confrontées à l’industrie funéraire.
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