N° 84 – Te ahu parae, le costume de deuilleur
Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha
Rencontre avec Tara Hiquily, chargé des collections du Musée de Tahiti et des Iles. Rédaction : VH
CHAPO
L’œuvre que nous vous présentons ce mois-ci est une pièce exceptionnelle : le costume de deuilleur, porté exclusivement lors des rites funéraires pratiqués à l’occasion du deuil d’un chef aux îles de la Société. Pour l’apprécier en détail, une réplique contemporaine de ce costume est exposée au Musée de Tahiti et des Îles dans le cadre de l’exposition « La grande épopée de la nacre polynésienne ».
Le deuilleur, en Polynésie, avait un rôle crucial : il était le seul autorisé à toucher le corps d’un défunt et dirigeait les cérémonies accompagnant le décès d’un chef. Somptueux et précieux, le costume qu’il portait exclusivement à l’occasion des rites funéraires heva tupapa’u, pratiqués à l’occasion du décès d’un chef aux îles de la Société, est à son image. Les différents éléments du costume, les nacres, dont celles du masque parae, les plumes, le pectoral en bois, pa’utu, étaient reliés entre eux par des liens en bourre de coco. Une cagoule en tapa ou en fine natte, entourée de très nombreuses cordelettes, recouvrait la tête du deuilleur. Généralement, deux très grosses nacres lui recouvraient le visage et un petit trou permettait de voir. Un plastron, sous le pa’utu, était constitué de plus d’un millier de petites lamelles de nacre perforées à chaque extrémité d’un seul trou. Un système ingénieux de ligatures maintenait toutes les lamelles dans la même orientation. Ce costume était complété par un tiputa (poncho) en tapa ou en pae’ore tressé. Ce vêtement était parfois serré à la taille par une ceinture de tapa blanc torsadé. Enfin, la partie arrière du costume était constituée par une cape de plumes, à la conception complexe et originale. Aux îles de la Société, les capes de plumes ne semblaient pas être connues comme dans d’autres parties de la Polynésie. Le deuilleur, lors de la procession, percutait des castagnettes, tete, formées de deux valves de nacre pour prévenir la population de sa venue. Son autre main tenait une lance armée de dents de requins. Il était accompagné de jeunes membres de la famille extrêmement agités, appelés neva neva, qui exprimaient leur douleur en frappant tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin.
LÉGENDES
‘Ahu pärau, plastron de deuilleur. îles de la Société. Fines lamelles de nacre, fibres. Fin du XVIIIème siècle ou antérieur.
Ornement porté par le deuilleur sur la poitrine lorsqu’il menait la procession heva tüpäpä’u, organisée à l’occasion du deuil d’un chef aux îles de la Société.
Ancienne collection J. Hooper
Collection Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha
78.03.52
Pä’utu pectoral en forme de croissant (éléments). Îles de la Société. Nacres, fibre de bourre de coco. Fin du XVIIIème siècle ou antérieur.
Ornement porté par le deuilleur sur la poitrine lorsqu’il menait la procession heva tüpäpä’u, organisée à l’occasion du deuil d’un chef aux îles de la Société.
Ancienne collection J. Hooper
Collection Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha
78.03.53 et 78.03.54
Tete, claquoirs (paires). Îles de la Société. Nacres, fibres. Fin du XVIIIème siècle ou antérieur.
Utilisés lors du deuil d’un chef par le deuilleur (prêtre ou proche du défunt) qui menait la procession heva tüpäpä’u, pour prévenir de son arrivée.
Collectés par le missionnaire G.Bennet pour la London Missionary Society entre 1821 et 1824.
Ancienne collection J. Hooper
Collection Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha
78.03.55 et 78.03.56
« La grande épopée de la nacre polynésienne » : pratique
Salle d’exposition temporaire du Musée de Tahiti et des îles
Jusqu’au samedi 11 octobre
Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00, sauf le lundi
Entrée : 600 Fcfp, gratuit pour les scolaires, les étudiants et les membres de l’association des Amis du Musée de Tahiti, sur présentation d’un justificatif. Tarif de groupe de plus de 10 personnes : 500 Fcfp.
+ d’infos : 40 54 84 35 – www.museetahiti.pf