N°83 – Les petits trésors de l’Art Polynésien

Service de l’Artisanat Traditionnel – Pu ohipa rima’i

 

Rencontre avec les gagnants du prix du Président, lors de l’événement Art Polynésien.

Rédaction : VH

 

L’événement Art Polynésien, qui s’est tenu du 21 juin au 14 juillet à Aorai Tini Hau, a permis de faire découvrir au public et de valoriser toutes les facettes de l’artisanat, à travers des concours, des défilés, ainsi que diverses animations. Certains objets créés en amont du salon ont même été sélectionnés sur les stands des artisans afin de participer au « Prix du Président ». Hiro’a vous propose de découvrir les œuvres qui ont remporté ce prix dans les catégories sculpture, vannerie et bijouterie.

 

 

Le collier en fibre de coco de Moïse Barsinas

 

Moïse Barsinas, créateur de colliers depuis une quinzaine d’années, a remporté le Prix du Président en catégorie bijouterie avec un collier en fibre de coco, sa matière préférée. « Ce collier, je l’ai créé spécialement pour le Prix du Président, confie-t-il. J’ai mis une semaine pour le faire, le temps que la création prenne forme dans ma tête puis physiquement. Il est en fibre de coco vert, avec 11 hameçons en nacre et 22 perles. Moi, je me suis uniquement occupé de l’assemblage. Pour les hameçons en nacre, j’ai fait appel à un jeune graveur qui a étudié au Centre des Métiers d’Art. Je lui ai indiqué précisément ce que je voulais, des hameçons fins, pas trop chargés en gravures. J’ai utilisé plusieurs tresses pour ce collier comme des macramés et d’autres tresses que j’ai créées.

 

Le costume en roseau des montagnes de Soraya Faraire

 

C’est une pièce exceptionnelle qui a obtenu le Prix du Président en catégorie vannerie : un costume entièrement réalisé avec du roseau des montagnes. « On était au moins six mamas de Rapa à confectionner ce costume, explique Soraya Faraire. Nous avons utilisé du aeho, comme on dit en tahitien, mais chez nous on appelle ça le kakae, c’est le roseau des montagnes, une matière qu’on ne trouve qu’à Rapa. À la base, nous avions confectionné ce costume pour une jeune fille de chez nous qui a participé au concours de ‘orero sur Tahiti, et par la suite on a pensé à le présenter pour le Prix du Président. 50 kilos de brins de roseau ont été utilisés pour ce costume qui nous a demandé 4 mois de travail juste pour le tressage, parce qu’il y a différents types de tresses. On peut y voir le maneanea, le taumi piti, le ‘opu varavara… Toutes les tresses ont un nom précis, mais je sais mieux les faire que les expliquer ! »

Le costume en question comporte une jupe, un haut et un chapeau. « C’est une pièce unique et je crois que c’est la première fois qu’on réalise un costume uniquement en roseau des montagnes. La plupart du temps, on essaie de varier les matières, mais là, on voulait valoriser cette matière unique que nous sommes les seuls à travailler. Les kakae se ramassent entre les mois d’avril et de mai, nous allons les chercher en groupe dans les montagnes. Cela nous prend plusieurs jours, nous dormons même en montagne le temps de cette cueillette ! »

 

Le bambou pyrogravé d’Edwin et Susanne Fii

 

En catégorie sculpture, c’est une pièce plutôt hors du commun qui a reçu le Prix du Président : un bambou pyrogravé, créé par un Marquisien, Edwin Fii, et son épouse Susanne. Bien plus qu’un ornement, cet objet a toute une histoire. « Autrefois, la pyrogravure était pratiquée par les tuhuna pour conserver les dessins et les transmettre aux jeunes générations, explique Susanne Fii. Pour conserver leurs esquisses, ils ont eu l’idée de chauffer la pointe des clous – obtenus par des échanges avec les matelots – et de dessiner avec à chaud sur du bambou. Aujourd’hui, c’est décoratif, mais à l’époque, c’était indispensable ! Et ce bambou pyrogravé, nous l’avons réalisé à partir de documentations des musées. » Les motifs représentent des tatouages anciens. A chaque extrémité du bambou, Edwin a ajouté de l’os sculpté selon des thèmes : le lever de pierre et  le danseur de feu. L’idée étant de compléter cette pièce avec des particularités des différents archipels. Le socle est réalisé en bois de tou, pour mettre en valeur la pièce de bambou. » Cet objet a demandé au couple un mois de travail. « On cherche ensemble les motifs, on discute sur la composition, les finitions…. Généralement, je m’occupe de la pyrogravure, poursuit Susanne tandis qu’Edwin, qui a fait ses armes au Centre des Métiers d’Art, sculpte ».

 

 

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