N°81 – A la recherche d’une terre nouvelle…
O Tahiti E présente, en coproduction avec le Conservatoire artistique de la Polynésie française, Te Feti’a Avei’a, un spectacle retraçant l’aventure maritime d’une petite communauté à la recherche d’une terre nouvelle. Une histoire écrite par Jean-Claude Teriierooiterai que le groupe vous contera en chants et danses chaque samedi du mois de juillet au marae Arahurahu, dans un décor réalisé par les élèves du Centre des Métiers d’Art.
Un va’a et son équipage, le va’a hiva, abordent une terre vierge. De ce groupe dirigé par le ari’i, le premier-né, naîtra un monde qui sera à l’image du pays d’origine. La société nouvellement créée, le va’a mata’eina’a, réplique à terre du va’a hiva, évoluera en une structure plus élaborée. L’intensification de l’agriculture, les interactions entre les populations et les écosystèmes conduiront à de nouveaux équilibres. Du va’a en bois d’origine ne reste plus que le marae qui A pris sa place et dont la pierre de fondation, le ‘ofa’i faoa, avait été prélevée sur le marae du pays d’origine.
La communauté se développe Les aînés détiennent seuls le mana, donc le pouvoir. Les cadets doivent partir pour chercher une terre. Ils construisent un va’a, embarquent leur communauté et tout ce qui leur est nécessaire pour reconstruire une réplique de leur société ailleurs, et en dernier, le ‘ofa’i faoa. Ce sera le seul souvenir palpable qui leur restera un jour de la terre d’origine.
Une histoire perpétuelle
C’est tout l’objet de Te Feti’a Avei’a – que l’on peut traduire par « l’étoile guide » – le nouveau spectacle du groupe O Tahiti E, présenté en coproduction avec le Conservatoire et qui s’intègre dans les célébrations des 30 ans de l’Autonomie. Plus précisément, il s’agit de l’histoire de Pa’oa, fils cadet du ari’i Tutera’i, qui doit quitter l’île après que son frère aîné Te’arunui hérite des droits. Pa’oa et sa petite communauté arriveront à bon port en suivant justement l’étoile guide.
« C’est une histoire qui s’est répétée de génération en génération chez le Polynésien », explique Marguerite Lai. « Il arrive un moment – quand il n’y a plus assez de nourriture –, où le cadet doit partir avec d’autres membres de la communauté, pour chercher une nouvelle terre, fonder une nouvelle famille, fonder un nouveau marae, et préparer la future génération. J’ai eu l’idée de cette histoire après avoir lu le projet du Centre des Métiers d’Art, « Les enfants de l’océan* ». Et j’ai fait appel à Jean-Claude Teriierooiterai pour l’écriture du thème, parce qu’il connaît bien le sujet. Il fait partie de l’association Faafaite et également de Tainui – Friends of Hokule’a, qui prépare l’accueil de Hokule’a. »
Une aventure contée par 200 artistes
Dans le cadre historique du marae Arahurahu à Paea, avec une scène réaménagée à flan de montagne, c’est donc à une grande aventure que vous invitent les 200 artistes participants à l’événement. Une soixantaine de danseuses et danseurs embarqueront dans la préparation du voyage, puis dans le voyage en lui-même à bord d’une grande pirogue double, et arriveront sur cette nouvelle terre où ils poseront les fondations de leur nouvelle société. « Il y aura également 100 chanteurs du groupe Pere’aitu qui feront résonner les tarava tahiti, tarava raromata’i, himene ru’au et pata’u, poursuit Marguerite Lai, ainsi qu’une quinzaine de musiciens. Le spectacle durera une heure et demie. Les costumes de la cour royale ont été réalisés par Tavana Hare Salmon. » Destiné au grand public, ce spectacle promet des vagues d’émotion et de beauté en pleine période du Heiva qui trouvera, hors To’ata, une autre terre d’élection.
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ENCADRÉ
Les décors confiés au Centre des Métiers d’Art
C’est à ceux qui lui ont inspiré son nouveau spectacle que Marguerite Lai a choisi de confier la réalisation des décors : les élèves du Centre des Métiers d’Art. « Pour soutenir ce spectacle, on est parti sur l’idée d’une pirogue, confie Viri Taimana, le directeur. On s’attachera au départ et à l’arrivée. Pour préparer le départ, on va essayer de simuler la construction d’une pirogue avec l’abattage de l’arbre, puis commencer à charger cette pirogue de victuailles. Ensuite, pour symboliser le départ, la navigation, il y aura le lever de la grande voile, avec tous les danseurs. Certains des élèves du centre vont aussi jouer les acteurs, en tenant le mat de la pirogue, ou en réalisant des sculptures en arrière-plan. On doit aussi réaliser les unu et les outils (to’i, herminettes de taille), que les danseurs utiliseront. »
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ENCADRÉ
Une première pour le Conservatoire
Le Conservatoire Artistique coproduit le spectacle Te Feti’a Avei’a. C’est une première expérience pour l’établissement, chargé d’enseigner mais également de diffuser et de valoriser les arts traditionnels. « Toute l’équipe est motivée pour réussir ce véritable défi », souligne Fred Cibard, chargé de communication. « C’est avant tout une rencontre culturelle sur un marae. Une rencontre symbolique, où la pirogue dévoile son âme secrète. Avec une histoire gravée dans l’histoire du fenua, pleine de sens. Avec la navigation aux étoiles, intimement liée aux migrations polynésiennes. Avec, enfin, un regard sur les droits d’aînesse chez les ari’i. Je crois que ce spectacle, qui est également une reconstitution, parlera à celles et ceux qui souhaitent vivre et revivre les éléments clé de la tradition ancestrale. Et puis O Tahiti E est un grand groupe, qui saura porter ces valeurs. »
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« Te Feti’a Avei’a » : Pratique
– Les samedis 5, 12, 19 et 26 juillet à 16h30
– Au marae Arahurahu, à Paea
– Tarif unique : 2 500 Fcfp
– Billets en vente à Radio 1 et dans les deux magasins Carrefour
+ d’infos : 50 14 18 – www.conservatoire.pf
*Dossier du Hiro’a n°78 – mars 2014