N° 80 – Le graffiti s’invite à Tahiti A vos sprays, prêts, bombez !

Rencontre avec Sarah Roopinia, organisatrice du festival Ono’u ; Jessie Martin, chargée du suivi des enseignements et enseignante de dessin au Centre des Métiers d’Art.

Le premier festival international du graffiti Ono’u a lieu du 5 au 11 mai à Papeete. Et pour le clore en beauté, un grand week-end de fête du graffiti est organisé sur la place To’ata les 10 et 11 mai, avec un concours, mais également des performances et des ateliers pour le public.

 

Réservez votre week-end des 10 et 11 mai ! Dans le cadre du premier festival international du graffiti Ono’u, tous les artistes et le public se retrouveront pour une rencontre festive autour du graffiti. Pour les familles et les jeunes, diverses performances et animations artistiques sont proposées afin de faire découvrir l’art du graffiti et sensibiliser le public sur les évolutions et la puissance de l’art de rue. Une free zone de 2,5 mètres de haut étendue sur plus de 20 mètres de long est ouverte aux graffeurs amateurs et au public. Tout le monde peut venir marquer son empreinte ! Une installation « Pacific Jam Graffiti » de 5 mètres de haut sur 70 m de long va être réalisée sous forme de performance « live » par les meilleurs graffeurs du monde. Un espace de découverte liant le graffiti et la communication numérique permettra au public de créer des graffitis virtuels à l’aide des dix ordinateurs qui seront mis à leur disposition. Le Centre des Métiers d’Art est également de la partie pour présenter un regard polynésien sur l’art du graffiti. Et un stand de graffitis personnalisés sur des objets et produits dérivés est mis en place.

 

Une soirée « Graff & Dance »

 

Une fête nocturne est organisée le samedi 10 mai de 19h à 22h. Le programme inclut des spectacles de danse alliant le hip hop et la danse traditionnelle polynésienne, des performances de break dance, des sets de DJs et des défilés de body painting en plein air, dans une ambiance festive et conviviale. Trois heures de spectacle et défilés inédits avec la participation de talents et groupes de danse polynésiens !

 

Les battles Ono’u 2014

 

Le point fort du week-end se situe bien évidemment les phases éliminatoires et la finale du Ono’u Battle 2014, le plus important concours mondial de graffiti de l’année. Parmi plus d’une centaine de dossiers de candidature, 19 artistes internationaux et 5 artistes polynésiens ont été sélectionnés pour y participer : Kanodelix (Colombie), Asend One (USA), Mast (USA), Queen Andrea (USA), Dize (France), Kalouf (France), Maniak (France), Meo (France), Sermit (France), Sink (France), Sueb (France), Mr Spacely (Allemagne), PWOZ (Guadeloupe), Transone (Hongrie), Berst (Nouvelle-Zélande), Phat1 (Nouvelle-Zélande), Cenoz (Singapoure), Dubiz (Australie), Dvate (Australie) et pour l’international ; Abuz, Cronos, HTJ, Jops et Tahe pour Tahiti. Pendant les battles, le public pourra apprécier l’étendue de la maîtrise et du talent de ces artistes.

 

Un jury prestigieux

Pour les départager, le public pourra croiser un acteur de renommée internationale, Christophe Lambert, le Président du Jury. Se joignent à lui dans cette tâche : Arnaud Oliveux, expert en art contemporain et commissaire-priseur à Paris chez ArtCurial (leader français de vente d’œuvres d’art) ; Austin McManus, journaliste-reporter du magazine américain Juxtapoz (magazine art et culture) ; Alex, artiste français et l’un des meilleurs portraitistes graffiti mondiaux et Viri Taimana, directeur du Centre des Métiers d’Art.

 

 

ENCADRÉ

Festival international du graffiti Ono’u 2014 : Pratique

Samedi 10 mai de 11h à 22h et dimanche 11 mai de 11h à 18h30, place To’ata

Nocturne samedi 10 mai de 19h à 22h sur la place To’ata (le Pass 2 jours inclut l’accès à la soirée Graff & Danse, l’achat d’un billet pour la journée du samedi 10 mai également).

 

Tarifs :

Plein tarif : Pass festival 2 jours 3 500 Fcfp – Ticket journée 2 000 Fcfp

Tarif réduit (moins de 14 ans) : Pass festival 2 jours 2 000 Fcfp – Ticket journée 1 500 Fcfp

Billetterie en ligne sur www.radio1.pf, ou sur place

+ d’infos : tahitifestivalgraffiti.com ou www.facebook.com/onou2014

 

ENCADRE

DES PRIX EXCEPTIONNELS

– 10 000 dollars pour le vainqueur

– 5 000 dollars pour le 2ème

– 2 500 dollars pour le 3ème

– Prix spécial « Fenua Student » offert par Air Tahiti Nui au lauréat polynésien désigné par le Jury. Il consistera en un voyage aller-retour à Paris pour un circuit à la rencontre d’artistes et de professionnels de l’art français.

– Le prix « coup de cœur du public », remis par EDT. Ce prix consistera en un contrat professionnel d’une valeur de 350 000 Fcfp offert à l’artiste polynésien qui aura recueilli le plus grand nombre de votes du public.

 

Du carton au faraoti pour libérer sa créativité

 

Le Centre des Métiers d’Art participe au festival international du graffiti les 10 et 11 mai place To’ata en y tenant un stand, mais également en préparant un défilé original de vêtements comme supports d’expression… Rendez-vous samedi 10 mai à partir de 19h pour le découvrir.

 

Les élèves de 2e année du Centre des Métiers d’Art sont en effervescence. Pour le premier festival international de graffiti, le corps enseignant leur a fixé un challenge : réaliser des vêtements comme supports d’expression. Ils feront l’objet d’un défilé le samedi 10 mai au soir. Un projet pédagogique qui a pour but de libérer leur créativité, afin d’exploiter les compétences acquises au fil de leur formation, dans un contexte différent de mise en pratique. Ici, ce sont des vêtements avec des motifs des îles de la Société. « Les élèves ne sont pas du tout couturiers, ils sont surtout des sculpteurs et des graveurs, explique Jessie Martin, professeur d’art appliqué en charge de ce projet. Ils appréhendent tous de passer sur la machine à coudre industrielle que l’on a, on s’est donc dit qu’il fallait apprendre à transposer ces idées d’une autre manière. Pour commencer, on ne parle donc pas de couture, mais de sculpture. »

 

Du carton pour s’exercer

 

Après une phase de recherches et de dessins, les élèves s’entraînent à fabriquer leurs vêtements en carton à partir de techniques simples de collage. « Par ce procédé, ils peuvent expliquer leurs dessins en 3D et les porter en même temps, poursuit Jessie. Ça leur permet également de gagner en confiance, parce qu’ils savent que s’ils ratent, ils peuvent recommencer. Donc ils travaillent autant la couleur que les formes, et une fois ce travail terminé, on fera un défilé entre nous, pour voir ce que cela donne, avant de réaliser les costumes en grandeur nature. »

Et là, il ne sera pas question de rafistolage. C’est dans un travail de qualité, à l’image de tout ce qui sort du Centre des Métiers d’Art, que Jessie guidera les élèves. Du carton, ils sont passé au faraoti, du pur coton, pour confectionner la base des vêtements (des jupes, des corsets, des bustiers, des pantalons…), agrémentés d’accessoires et de coiffes …. « Quand ils font des essais en gravure ou en sculpture, ils ont toujours des échantillons de bois ou de nacre qu’ils ont mis de côté, on a retravaillé ces pièces pour les monter sur des parties du vêtement ou de la coiffe ou du chapeau. Nous avons aussi du pae ‘ore. Je veux qu’ils apprennent à utiliser tout ce qu’ils ont autour d’eux et à revisiter, utiliser, customiser des choses qu’ils ont déjà. »

 

Prendre conscience de la finalité d’un projet

 

À travers la réalisation de ces vêtements, le Centre des Métiers d’Art souhaite faire prendre conscience aux élèves de l’importance de la création et du statut des objets. Que ce soit pour un ti’i, un collier ou un vêtement, la finalité d’un projet se dessine aussi à travers les éléments dont on dispose. Il leur faut acquérir une compréhension des formes et convoquer « le signifiant et le signifié » afin de donner du sens à leur travail. Les codes vestimentaires étant aussi sous la coupe des effets de mode, les élèves doivent y être confrontés afin de nourrir leur création à partir de prétexte mettant en évidence leur relation au corps. Ce travail résulte d’un questionnement des enseignants sur la capacité de leurs élèves à formuler une réponse pratique et esthétique, sans connaître ou maîtriser forcément le métier de couturier. Une manière d’aborder la matière… sous une autre couture.

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