Temaeva : un demi-siècle de ‘ori tahiti – sept 2012
Trésor de Polynésie
Rencontre avec Coco Hotahota, chef de Temaeva
Temaeva : un demi-siècle de ‘ori tahiti
Créé le 22 février 1962, Temaeva célèbre cette année ses 50 ans d’existence. L’occasion de rendre hommage à ce groupe de ‘ori tahiti unique et à la personnalité de Coco, maître d’oeuvre incontesté.
Alors adolescent, Coco Hotahota commence à danser en 1956 dans le groupe du district de Pirae, avant d’intégrer deux ans plus tard la troupe de Madeleine Moua, Heiva. « Temaeva est sorti du ventre de mamie, dit-il. Sans elle, aucun danseur ne serait-là aujourd’hui ! » Coco acquiert l’essentiel de sa formation de danseur auprès de Madeleine Moua, un bagage traditionnel qu’il ne cessera de valoriser dans sa propre formation. Avec un goût très sûr et beaucoup d’audace, Temaeva régnera en maître dans le Tiurai puis le Heiva. En 1969, le groupe gagne pour la première fois le grand prix de danse traditionnelle mais aussi celui du meilleur orchestre et des plus beaux costumes. 14 fois lauréats du concours de ‘ori tahiti, Temaeva s’impose, enchante et dérange aussi. En 1980, il fait porter à ses danseurs des costumes réalisés à partir de boites de conserve pour dénoncer la dérive moderniste ; en 1997, ses danseurs apparaissent dans un tableau vêtus de smoking noirs et parapluies, tandis que les femmes portent robes noires, talons à aiguilles et gants blancs… Iconoclaste, Coco ? Pas vraiment, car ses provocations sont des avertissements, elles dénoncent pour sauver ce qui peut encore l’être. « Oui, j’ai voulu provoquer et la danse doit évoluer. Chaque génération apportera son petit bouleversement mais nous devons nous servir du passé pour entrer dans l’avenir, ne pas singer les autres. », affirme-t-il. L’avenir du ‘ori tahiti serait donc à chercher dans le passé ? « Il faut faire des recherches, (re)découvrir les anciennes danses qui n’ont pas encore été montrées… Je sais pertinemment que l’on ne pourra pas retrouver la danse de nos ancêtres et ça n’aurait de toute façon aucun sens dans notre société actuelle. Au mieux, nous pouvons essayer de nous en approcher, mais surtout nous devons être en mesure de donner une base commune aux générations futures, sur laquelle elles pourront s’appuyer. Aujourd’hui, chaque groupe a sa version de l’histoire et des traditions. J’aimerais qu’on arrive à se mettre tous d’accord avant de partir ».
Sur la scène de To’ata pour ses 50 ans
Alors que Coco avait fait ses adieux au Heiva en 1992, il remonte sur scène en 1999, s’octroyant au passage la victoire. Sa motivation ? « La jeunesse, ses rêves, ses passions. J’aime son arrogance car c’est comme ça qu’on avance ». Il attend ensuite 10 ans pour revenir à To’ata avec un spectacle conçu comme une prière adressée à son Pays. Cette année, le groupe a fêté ses 50 ans avec un thème basé sur les sens : « Tahiti terre du jouir, navenave fenua ». Pour l’occasion, Coco a fait revenir d’anciennes danseuses afin de créer un florilège de couleurs à l’image de l’arc-en-ciel, symbole de la vie, du renouveau. Et clou du spectacle, le pa’oti endiablé exécuté par Coco, qui n’a rien perdu de sa superbe ! Parallèlement à cela, l’infatigable artiste a organisé le 3ème Heiva international, Farereira’a, pour rendre hommage aux groupes de ‘ori tahiti étrangers.