Pahu, tambours éternels
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Le Heiva, c’est aussi la fête de la musique traditionnelle. Nos orchestres la font vibrer à travers différents instruments qui ont traversé les âges, et dont ils perpétuent les sons autant que la fabrication. Le Musée de Tahiti et des Iles conserve entre autres trois magnifiques pahu marquisiens.
Avant le contact avec les Occidentaux, quatre instruments de musique participaient au concert polynésien : la voix humaine, la flûte nasale, la conque et le tambour. Autrefois, le pahu tenait une place d’honneur dans la société polynésienne, et plus particulièrement aux Marquises, où il rythmait les évènements importants de la vie. Ainsi, plusieurs types de tambours existaient, chacun ayant une apparence et une fonction spécifiques : pour accompagner les rites sacrés, les chants, les danses, annoncer un évènement, etc.
Le pahu mea’e, comme celui conservé au Musée, est le plus grand des tambours. Celui-ci mesure 2,40 m, c’est l’un des quatre plus grands pahu marquisiens connus au monde. Antérieur à 1880, il a été acquis par le Musée en 2007, à la galerie parisienne Vanuxem. Selon l’ancien propriétaire, antiquaire à Bordeaux, le tambour aurait été collecté par les missionnaires de la congrégation de Picpus à la fin du 19ème siècle aux îles Marquises. Les autres pahu connus sont conservés au musée de Grenoble, qui l’a reçu comme don en 1846 de Henri Murgier, alors juge suppléant au tribunal de Tahiti, au musée de Langres et le dernier repose dans les réserves du Field museum de Chicago. Les pahu mea’e étaient sacrés, réservés aux lieux de culte et placés en hauteur.
Légende photo : Tambour marquisien en bois, cordages en bourre de coco tressée. Absence de membrane.
Les deux autres petits pahu conservés au Musée sont eux aussi antérieurs à 1880, époque de l’effondrement de la société ancienne à cause de nouvelles maladies et de la conversion de la population. La colonisation a eu en effet raison de l’utilisation de ces instruments, dont la fabrication a été longtemps abandonnée. C’est le premier Festival des arts des îles Marquises, en 1985, qui a fait renaître l’art des pahu et la recherche des frappes traditionnelles.
Légende (pahu1) : tambour à membrane, île Marquises. Bois, peau de requin, bourre de coco et cheveux. Objet acquis auprès d’un marchand d’objet d’art en Polynésie en 2002, anciennement dans une collection suisse.
Légende (pahu2) : tambour à membrane, île Marquises. Bois, peau de requin, bourre de coco, cheveux. Acquis en 1975 par Anne Lavondès dans une vente aux enchères à l’hôtel des ventes de Drouot, Paris, pour le compte du Musée.