Danse avec la plume…
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Vous le savez, les chorographies, les musiques et les costumes préparés pour le Heiva ne sont pas une suite de mouvements, de sons et de matières vides de sens. Ils sont guidés par une histoire, un message… Pour en prendre toute la mesure, Hiro’a vous invite à vous imprégner de l’esprit des spectacles des groupes du Heiva.
Catégorie Hura tau
Ahutoru Nui
Chef de groupe : Anthony Tirao
Thème : « La légende de Tafa’i et de Hina – Tafa’i e te tapapa ra’a varua »
Auteur du thème : Par Teuira Henry – rédacteur : Moehauarai Tirao
« De retour d’un voyage, Tafa’i apprend la mort soudaine de son épouse Hina. Effondré, il demande au prêtre s’il est possible de ramener sa bien-aimée à la vie. Il lui répondit : ‘Il faudra récupérer l’esprit de celle-ci, le ramener dans son corps avant qu’elle ne parte pour son dernier voyage vers Rohotu no’ano’a’. Sur ces derniers mots, Tafa’i prit sa rame et sa pirogue No-iu et partit pour rallier Tata’a. A son arrivée, il vit le départ des esprits vers le mont Rotui. Aussitôt, il se dépêcha de ramer vers Ra’iatea, monta sur le mont Temehani, pour l’y attendre. Arrivé au lieu dit, il voit deux sentiers gardés par le dieu Te-ta-horo’a.
– Auriez-vous vu l’esprit de mon épouse passer ?, demande Tafa’i
– Non, pas encore, réplique Te-ta-horo’a
Et il le conseilla alors de se cacher dans les buissons derrière la Pierre de Vie pour s’y reposer.
L’esprit de sa femme s’avança au bord du rocher puis s’écarta brusquement en sentant la présence d’un être humain. Avant qu’elle ne pût s’envoler, Tafa’i l’attrapa par ses longs cheveux. Elle ne se laissa pas faire mais il tint prise. La voix du dieu se fit entendre en s’adressant à Hina : ‘Ton heure n’est pas encore arrivée de quitter ce monde’. Sur ces paroles, elle se calma et se laissa emmener par son époux. De retour à Uporu, son esprit réintégra son corps et tous se réjouirent de l’heureux événement : le retour de leur grand guerrier Tafa’i et la résurrection de Hina. Plus tard, elle mit au monde un fils qu’ils nommèrent Vahi-ê-roa. »
Manahau
Chef de groupe : Jean-Marie Biret Toromona
Thème : L’identité, le respect, la sincérité
Auteur du thème : Jean-Marie Biret Toromona
Manuarii connaît l’histoire de son peuple, l’emplacement de ses terres, sa généalogie, sa langue… Un jeune homme bien dans son temps, qui respecte le passé mais ne vit pas « dedans ». Teraihono est un ma’ohi lui aussi, mais « ce n’est pas inscrit » dans sa peau. Quant à Heiarii, il sait avant tout qu’il parle le même langage que ses amis : celui du ‘ori tahiti. Car « l’important c’est d’être sincère, d’être généreux envers son pays et les siens ».
Nonahere
Chef de groupe : Matani Kainuku
Thème : La légende de Pipiri-ma
Auteur du thème : adaptation de Patrick Amaru
Pipiri et Rehua étaient les enfants de Taua et Rehua. Un soir de retour de la pêche, les croyant endormis, le papa ne voulut pas les réveiller pour les nourrir. Mais les enfants s’en aperçurent et, déçus, ils se sauvèrent dans la montagne. Leurs parents tentèrent de les rattraper, ils leur criaient : « Pipiri, revenez à nous ! », et les enfants de répondre : « Nous ne retournerons point à vous, la pêche aux flambeaux est ingrate, elle laisse les enfants souffrir la faim ! » Emportés par le gigantesque cerf-volant des dieux, Pipiri et Rehua se transformèrent en deux belles étoiles que l’on peut admirer le soir dans le ciel de Tahiti…
Tahiti Ora
Chef de groupe : Tumata Robinson
Thème : La légende de Marukoa
Auteur du thème : Tumata Robinson
« Il y a très longtemps vivait sur une île perdue dans le Pacifique, une tribu mystérieuse : le peuple de Marukoa. Il se disait que les hommes – des guerriers menés par leur chef Teriitane – étaient incroyablement bien bâtis et extrêmement puissants, qu’ils étaient à l’aise aussi bien sur terre que sur mer et qu’ils pouvaient même passer de longs moments sans respirer sous l’eau. Certains affirmaient qu’ils étaient mi poissons et mi hommes. D’autres certifiaient que ces hommes singuliers passaient tant de temps sous l’eau que la moitié de leur visage était bleue comme l’océan. Il se disait aussi que les femmes étaient fabuleusement belles avec de grands yeux noirs en amande et de longs cheveux bruns qui ondulaient le long de leur peau couleur de miel. Rumia était certainement la femme la plus belle de l’île. Sa fine silhouette et son doux visage étaient mis en valeur par l’incroyable luminosité de ses yeux verts. A des kilomètres de cette île mystérieuse se trouvait une grande île sinistre et grise : Mukai. C’était le Royaume du cruel roi Te-Mato.
Te-Mato devenait aveugle et le tahu’a du village lui expliqua que les dieux avaient été offensés et qu’un sacrifice devait absolument être fait pour les apaiser. Il lui dit avoir vu dans ses rêves une tribu de femmes d’une beauté rare dont l’une avait des yeux verts : il la voulait. Lorsque les hommes de Marukoa, partis plonger plusieurs jours, revinrent sur leur île, toutes les femmes avaient disparu. Menés par leur chef Teriitane, ils partirent à leur recherche… »
Tamarii Papara
Chef de groupe : Antonio Iro
Thème : « Tuianu, le respect au féminin »
Auteur du thème : Clément Legayic
Le 29 mai 1922, à Papara, Tuianu a Fiu naît. Elle est l’aînée d’une fratrie de six enfants. En 1938, elle épouse Alexandre, Purerau Legayic. Ensemble, ils auront 13 enfants. Quel parcours que celui de cette femme engagée : pour sa famille, son église, son métier et sa communauté… Une personnalité exceptionnelle au parcours « digne d’une grande cheffesse ». Mais si Tuianu Legayic est une « référence pour la génération qui l’a connue, pour la nouvelle génération, elle n’est qu’un écho du passé. Aujourd’hui, cette résonance est encore perceptible… Profitons-en ! » Hommage à cette femme remarquable dont les historiens diront qu’elle fait partie du patrimoine polynésien.
Toakura
Chef de groupe : Mateata Legayic
Thème : Opuhara
Auteur du thème : John Mairai, d’après le récit de Marau Taaroa
« Papara s’est toujours réclamé de l’héroïsme de Opuhara, frère cadet de Tauraatua i Patea dit Tati, premier tavana de Papara sous le règne chrétien de Pomare II. Si Tati possède son effigie dans la cour de la Mairie de Papara, aucune stèle n’a été dédiée à Opuhara (…). Opuhara renia même son frère aîné Tati qui eut, pour certains, la sagesse et pour Opuhara la traîtrise, de s’allier au chef de Pare qui avait subitement attaqué Papara en 1807 et exterminé la lignée royale de Temarii, descendant direct de Amo. Opuhara et Tati n’eurent que le temps de fuir pour se cacher dans les montagnes. Opuhara du se rendre à Mataiea chez sa sœur en attendant que les choses deviennent meilleures. Quant à Tati, alors régent de Papara, il abandonna son fief et s’en fut rejoindre sa femme à Bora Bora.
Expulsé de Tahiti à deux reprises par les chefs de Tahiti sous le commandement de Opuhara, Pomare réfugié à Moorea, a longuement préparé sa revanche.
En novembre1815, quand il engagea sa bataille finale surnommée plus tard par les siens la Bataille de Fei Pi à Paea, Tati était son allié. Opuhara ne pouvait pardonner à Tati cette trahison. L’armée de Pomare était invincible tant en nombre que par son armement : fusils, mousquets, et même canon. Les gens de Opuhara n’avaient que leurs lances en bois… Opuhara n’avait aucune chance de remporter cette bataille, mais il préféra mourir au champ d’honneur que subir la honte de devoir appeler le chef honni de Pare par le titre de : ‘To’u arii, mon roi’.
Avec la mort de Opuhara, c’est aussi la société tahitienne qui tournera le dos à ses dieux pour basculer vers le Christianisme. Opuhara fut un symbole contre l’envahisseur. Son sacrifice ne doit pas être inutile, et le narrateur nous exhorte à ne pas devenir des Immémoriaux. L’amour du pays fera de nous les Opuhara des temps modernes. (…) Depuis la mort de Opuhara à la bataille de Fei Pi en 1815, Papara n’a jamais célébré ce héros qui ne plia jamais devant l’hégémonie des Pomare. Ce sera désormais chose faite avec Toakura dont la chef du groupe, Mateata Legayic, est une descendante de Tauraatua i Patea. »
Catégorie Hura ava tau
Hanatika
Chef de groupe : Vanina Liant
Thème non communiqué
Hititau
Chef de groupe : Clovis Teore
Thème : Le chemin
Auteur du thème : Monoihere Mai
Deux enfants élevés avec les meilleures valeurs de la vie. Une enfance commune qu’ils traversent avec bonne volonté et fermeté, « fondements de leur réussite ». Un chemin tout tracé. « Les feuilles jaunissent, les fruits mûrissent, c’est le temps de la maturité. » Les enfants changent, tracent leurs propres voies selon leurs goûts et leurs attentes et doivent faire des choix. Tandis que l’héritage des parents était profondément ancré chez le jeune garçon, sa soeur cherchait à déterminer sa propre voie. « Elle finit par se rapprocher du chemin de la Vérité, » la voix vint même lui souffler : « souviens-toi des préceptes de tes parents ! Sagesse, fermeté et respect ». Cette voie, c’est celle du bonheur d’enfant, de la joie, de l’allégresse et des couleurs : le jaune pour la jeunesse, le vert pour la mère nourricière, le orange, principe de préservation et le blanc pour l’union, la voie de la vérité. ».
Kaianu no Rapa
Chef de groupe : Tiurai Oitokaia
Thème : « Le bébé mis dehors »
Auteur du thème : adaptation de la légende Rekie, de Rapa (Alfred Make)
Cette histoire se passe à Rapa sous le règne du roi Mootua, à la fin du 19ème siècle. Dans la petite tribu Timotimo, un couple attend son 3ème enfant. La famille décide de monter habiter sur la colline Rekie, lieu paisible où ils purent aménagér leur demeure sous un rocher. L’enfant vint au monde, un garçon maigre et chétif – contrairement à ses deux aînés. Les semaines passaient et il pleurait sans cesse, malgré tous les soins apportés par ses parents. Un soir d’orage et de pluie lors duquel l’enfant pleurait toujours, son père, épuisé, mit l’enfant dehors en disant : « tiens esprit, voilà pour toi ! » Le petit être fragile avait froid et resta ainsi à crier, jusqu’à ce que le vent et la pluie s’arrêtent. L’enfant ne pleurait plus, et pour cause : il avait disparu ! Tous les habitants le cherchèrent partout pendant plusieurs jours, le bébé restait introuvable. Soudain, la tribu vit un panier descendre du ciel, il vint s’immobiliser au dessus des parents… Leur enfant était dedans, heureux ! mais lorsqu’ils voulurent attraper le panier, celui-ci leur échappa. Ils entendirent une voix émanant du ciel : « Est-ce votre enfant ? », et répondirent « Oui, c’est notre enfant ». « A ces mots le panier commença doucement à monter sans plus redescendre. » Bien que tristes et implorants, il était trop tard pour les parents.
Papeete To’u Pare Ora
Chef de groupe : Clara Taputu
Thème : « Papeete dans sa clarté »
Auteur du thème : Teaue Tetuanui
« C’est par l’incantation du grand dieu Ta’aroa que par enchantement l’essence de le terre devient terre. (…) Le mont Orohena, comme un puissant aigle survolant la terre Ma’ohi, scelle les quatre points cardinaux de Tahiti Nui en clamant : ‘que la paix soit, que la paix règne’. D’un regard langoureux, le mont Diadème couvert de Puarata se balançait au gré du Vent Niuhiti telle une couronne de bienvenue. Du haut de la montagne, la rosée apportait le parfum enivrant de la hinano embaumant la vallée. De cette terre jaillit une source d’eau, limpide, courant, disparaissant dans le site naturel de Tarahoi. Tarahoi, site marquant le passage de nos aïeux, Tarahoi, lieu de rencontres et de partages. La place To’ata est en ce jour notre lieu de rencontre de danse traditionnelle, de rencontres intra-générationnelles. Heurtant les rochers, le bruit de la mer murmure à la place To’ata : ‘Lève toi mon peuple ma’ohi, que l’on entende les tambours résonner dans toutes les vallées.’ Papeete ma ville, Papeete ma source de vie ; Ecoutez les chants, les poèmes célébrant ma ville ; Terre, terre qui m’a vu naître et qui a englouti mon placenta. Bercé comme une nourrice au fond de ma conscience ; Tu as vécu là où je vivrai. Tu as produit ; le garde-manger sera florissant. La brise Niuhiti caresse le Mont Diadème dans sa couronne d’amour et Papeete propose la simplicité de sa prestation. Bienvenue. »
Tamarii Fare ihi no Huahine
Chef de groupe : Jean Puupuu
Thème : « Teie ta aai no te purotu Farerea »,
Auteur du thème : légende de Huahine
Farerea, jeune femme de Huahine, ne trouve pas de soupirant sur son île. Elle décide de se transformer en requin pour naviguer dans le grand Océan à la recherche d’un mari. Arrivée à Hawaii, elle rencontre l’amour avec Imihere. Mais Farerea a le mal du pays et préfère retourner, seule, sur son île. Imihere n’attend guère avant de la rejoindre, ils s’installèrent ensemble dans la grotte Vaihi, à Fitii. C’est grâce à ce couple que Huahine et Hawaii purent créer des liens.
Tamarii Punaauia
Chef de groupe : Monette Harua
Thème : légende de Punaauia
Auteur du thème : Tivini Teave
Sur le territoire Hiti, la population se tient prête à en découdre contre les guerriers des îles-sous-le-vent. Parmi eux, Puna, le plus puissant. Il accoste à Nu’uroa et malgré la formation d’attaque présente, Puna est invincible. Tahu’a tane, valeureux guerrier du mont Te Temanu, et ses compatriotes complotent un stratagème pour anéantir l’ennemi. Moins fort que Puna mais plus rusé, Tahu’a tane eut l’idée de l’affronter ainsi : « Puna, grand guerrier des îles Sous-le-Vent ! Pourquoi viens-tu te manifester sur mon territoire ? Ces terres m’appartiennent et je te lance un défi. Voici une source d’eau, si tu bois la totalité de son contenu, tu as gagné et tu feras de moi comme il te plaira. » Puna accepta avec arrogance de relever le défi mais après avoir étanché sa grande soif, il s’aperçu que la source ne tarissait point. Il persista et fut tellement rempli qu’il ne tenait plus sur ses jambes ! Tahu’a tane et ses compères purent ainsi le ligoter, le cuire et le manger, afin de « célébrer la déchéance et le déclin du comportement arrogant de Puna. (…) Hommage au grand guerrier Tahu’a tane pour avoir fait preuve de sagesse et d’intelligence. Ce dernier représente un allié infaillible pour avoir préservé le peuple de Manotahi. »
Tamarii Tuhaa Pae
Chef de groupe : Arsène Hatitio
Thème non communiqué
Te ui no pare nui
Chef de groupe : Edwin Tautu
Thème : « Le périple de Pere, déesse du feu, vers Hawaii »
Auteur du thème : XXXX
Promue à devenir déesse de l’eau, c’est pourtant le feu que Pere découvre. Elle décide alors que quitter le cocon familial pour explorer d’autres îles. Avec son frère Te Mao Arii, ils partent en pirogue vers Vavau (Bora Bora), puis Hiti Nui (Tahiti)… Leur grande sœur Namata, déesse de l’eau, est en colère après Pere qui avec son don, détruit la nature : elle déchaîne les fonds marins de Hiti Nui pour les mettre en péril. Ils sont obligés de fuir et partout où ils s’installent, Namata créé un véritable raz-de-marée. Pere continue inlassablement son voyage vers le sud et arrive à Mauna Loa, la plus haute montagne. Impossible pour sa sœur d’y projeter des vagues ; Pere peut enfin maintenir ses feux allumés. A force de provocations, le combat entre les deux sœurs fut inévitable : Pere fut vaincue, son esprit erra ainsi un temps avant de ressusciter et de provoquer un grand tremblement de terre, rejetant des flots de lave incandescents vers l’océan, éloignant la mer de la côte. « Le refroidissement de la lave dans la mer ajouta une masse terrestre, transformant l’îlot en une belle grande île du nom de Hawaii. »