L’art et la manière

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Le 24 juin, dans les locaux du Centre, aura lieu la soirée de présentation  des travaux des diplômés du Centre des Métiers d’Art, promotion 2010-2011. Venez apprécier les œuvres uniques de ces jeunes artistes formés à sculpter, graver, orner, représenter, peindre, dessiner, bref, animer la matière et les idées en fonction d’un héritage aussi bien commun que personnel.

Rendez-vous à l’exposition des diplômés du Centre des Métiers d’Art

« Chaque année, ce moment fort du centre est aussi pour nous une forme de remise en cause, explique le directeur Viri Taimana. Avons-nous amené les élèves assez loin dans leur projet et dans leur technique ? C’est l’heure du bilan, indispensable pour progresser d’année en année. Quoi qu’il en soit, le travail final des futurs diplômés nous invite à juger des œuvres inédites, combinaisons de leur appréhension du patrimoine, des questions qui agitent la société mêlé à une vision plus personnelle, voire introspective. »

Le public est donc convié à cette soirée qui vient couronner l’obtention du diplôme de fin d’études et met fin à trois années de pratique et de recherches au sein de ce laboratoire de réflexion et de création qu’est le Centre des Métiers d’Art. Les œuvres présentées donnent lieu à une approche artistique aussi bien sociologique que critique, émotive et esthétique… Attention, vous n’aurez plus d’autre occasion d’admirer les objets car ils rejoignent ensuite la collection très fermée de l’établissement !

Rainui, au rythme des Australes

Il présentera 3 grand pahu en acajou, sculptés selon l’inspiration des tuha’a pae (Australes). Rainui est lui-même batteur et voulait, par le biais de ces ouvrages, se frotter à la dimension première de la musique : la fabrication de l’instrument, afin de mieux le maîtriser… L’an prochain, Rainui souhaite créer son entreprise d’artisanat d’art et bénéficier d’une 4ème année au CMA en tant que professionnel cette fois.

Maili, les Marquises en 3D

Donner à voir les motifs traditionnels marquisiens sous un autre angle, celui de la 3D, voici le projet original de Maili. A partir de mousse, elle s’attache à mettre en volume et en épaisseur des formes que nous connaissons tous à plat ! Une transformation inattendue et pour le moins réussie, mais on ne vous en dit pas plus car l’installation nous réserve des surprises…

Maili s’envolera bientôt pour l’université de Toulouse où elle suivra un cursus en arts plastiques, afin d’élargir sa formation.

Tahurai, symbole nacré

Ses parures en nacre sont tout en finesse et en inspiration. Le fil conducteur de son projet de fin d’étude : la fougère maorie, stylisée et modernisée, dans un travail de gravure proche de l’art du fer forgé. Le résultat, contemporain et intemporel, révèle le talent de ce graveur passionné qui compte aller plus loin dans l’exercice des matières et des genres en tentant le concours d’entrée de l’école Boulle, à Paris.

Steeve, le passé à l’épreuve du présent

Vous connaissez sans doute le fameux pa’e kaha, sorte de diadème marquisien, constitué de plaques d’écaille de tortue, de coquillage et de bois, finement gravées de tiki et autres représentations anthropomorphes. Steeve s’en est inspiré pour son travail en le déclinant sous la forme d’une série de colliers, dans lesquels l’harmonie du mouvement répond à la variété des matières (os, bois, nacre), conférant aux bijoux un prestige tout en simplicité.  Pour Steeve, les trois années passées au Centre ont répondu à ses questions : comment donner forme à ses idées, comment, tout en partant des formes traditionnelles, créer des objets modernes. Il va, dès l’an prochain, lancer sa petite entreprise d’artisanat d’art à Raiatea d’où il est originaire.

Vaihere, la force de l’opposition

Vaihere s’intéresse à deux notions que, semble-t-il, tout oppose : l’utile et l’inutile. Pourtant, son travail d’art de la table ne prend tout son sens qu’à travers eux. Elle sculpte une table, des chaises et des couverts en bois de kaori, objets du quotidien pratiques et… esthétiques. Les feuilles de papayer sculptées rappellent avec style la nature polynésienne. Vaihere, après trois années d’étude au Centre lui ayant apporté assurance, ouverture et technique, va se lancer à l’assaut des beaux-arts de Toulon.

Pratique

Exposition des diplômés du Centre des Métiers d’Art

– Vendredi 24 juin, à partir de 18h

– Au Centre des Métiers d’Art, Orae, à l’angle des avenues régent Paraita et Georges Clemenceau, Papeete.

– Entrée libre

+ d’infos : 43 70 51 – [email protected]

 

ENCADRE

Première technologique au Conservatoire : Les trompettes de Tipaerui ont sonné jusqu’à Perpignan !

Le Conservatoire Artistique de Polynésie française a vécu en avril dernier une véritable petite révolution liée aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, à Internet et au câble Honotua, et qui fera sans aucun doute date dans l’histoire de l’établissement et du désenclavement culturel. En effet, la classe de trompette du département classique, dirigée par Guillaume Dor, a joué durant plus d’une heure en direct pour les élèves d’un des grands conservatoires de France, le Conservatoire Régional de Perpignan, pour les élèves en trompette de la classe de Maurice Benterfa. La réalisation de ce projet doit bien évidemment beaucoup à la passion de la musique et aux liens amicaux forgés par les deux enseignants suite au concert de Bernard Soustrot, organisé en décembre dernier à Tahiti par Musique en Polynésie. Par ailleurs, le Conservatoire de Polynésie a pu bénéficier d’une aide de choix avec Carol Raoulx, de l’OPT, et Johan Bouit. Enfin, chacun souhaitait réussir ce pari, qui nécessitait une bonne dose de technicité, un excellent matériel ainsi que la volonté des élèves de Te Fare Upa Rau, qui se sont donnés à fond pour leurs homologues métropolitains. Les élèves avaient, qui plus est, préparé des questions réponses, et un bel échange eut lieu entre les trompettistes. Ils ont terminé l’audition avec un air de musique traditionnelle qui a déchaîné les applaudissements de l’autre côté du globe ! Le directeur du Conservatoire, Fabien Dinard, a« bien conscience que cette première expérience peut s’avérer décisive dans l’évolution future de notre établissement du bout du monde. Car aujourd’hui, les élèves de Tahiti ont proposé une audition. Mais demain, si nous persévérons, nous pourrons aller bien au-delà, et pourquoi pas partager des jurys, instaurer une collaboration à long terme qui sera forcément fructueuse », affirme-t-il.

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