Honorer les Hommes
On a coutume de dire, à juste titre, que la jeunesse constitue l’avenir de la nation. C’est en effet à elle que reviendra le rôle de conduire, dans un futur proche, le destin de notre Pays. Dès lors se pose la question de savoir quelle éducation inculquer à cette jeunesse dans un monde globalisé. Car pour savoir où l’on va, il faut d’abord savoir d’où l’on vient. Le passé et tout ce qui lui est rattaché est fondamental dans la connaissance du présent et dans la projection de l’avenir. Dans cette optique, la jeunesse doit être éduquée aux valeurs fondamentales et cardinales de notre société. C’est pourquoi il est primordial qu’elle connaisse son patrimoine culturel !
A cet effet, et depuis l’adoption de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en octobre 2003, l’UNESCO a lancé un important projet dénommé « système des Trésors humains vivants » dans le but de sauvegarder les compétences et les techniques à grande valeur historique, traditionnelle, artistique ou utilitaire. Pour cela, les détenteurs de savoir-faire qui excellent dans leur domaine sont distingués par le titre de Trésors humains vivants. En contrepartie, les lauréats ont l’obligation de former des jeunes pour qu’ils prennent la relève le moment venu. Au Service de la Culture et du Patrimoine, nous avons travaillé voilà plusieurs années à la mise en place d’un tel système en Polynésie. Celui-ci n’a pas encore été appliqué mais il a d’autant plus sa place aujourd’hui. Parce que demain, il sera trop tard. Nous ne devons pas attendre la disparition de tous nos Trésors vivants, nous devons les mettre au centre de la politique de pérennisation du patrimoine culturel immatériel. Car la protection du patrimoine polynésien dépend principalement d’un élément : l’Homme. Celui-là même qui est capable de belles choses, comme en témoignent les sujets traités dans les pages de ce Hiro’a !
J’ai envie de conclure par ces mots, empruntés au célèbre compositeur Igor Stravinsky et dont, bien que datant d’un demi-siècle, l’extrême finesse est remarquable…
« Une tradition véritable n’est pas le témoignage d’un passé révolu ; c’est une force vivante qui anime et informe le présent. Bien loin d’impliquer la répétition de ce qui fut, la tradition suppose la réalité de ce qui dure. Elle apparaît comme un bien de famille, un héritage qu’on reçoit sous condition de le faire fructifier avant de le transmettre à sa descendance ».
La fin me semble un peu sèche non ?