Le marae Ta’ata est juste là…
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Beaucoup d’entre nous passent régulièrement à côté ou non loin, d’autant qu’il est tout près de la plage la plus fréquentée de la côte ouest. Un panneau indique même, côté montagne, « Route du marae Ta’ata ». Saviez-vous que là, à quelques mètres, vous pouviez vous arrêter pour apprécier, à l’ombre d’un tamarinier centenaire, un marae très bien conservé, digne héritier de l’histoire de Oropa’a* ?
A l’entrée de Paea, au PK 19, après avoir tourné à gauche au panneau l’indiquant, on l’aperçoit : majestueux et colossal… Le marae Ta’ata, « homme » en tahitien, un des plus grands toujours visibles à Tahiti. L’un des plus notables aussi, à l’histoire longue et prestigieuse, surtout à partir du XVIIIe siècle. L’ensemble comprend 3 enceintes reliées entre elles, signe d’une évolution architecturale se jouant au gré des alliances politiques de la région. Les pierres à bossage témoignent quant à elles de leur appartenance royale, tandis que les ossements humains retrouvés lors de précédentes fouilles indiquent que c’était un lieu cérémoniel et sacré de la plus haute importance, puisqu’on ne faisait de sacrifices humains que sur les marae royaux. « Trois marae de chefs réunis en un seul est un phénomène rare », reconnaît Raymond Graffe.
Le marae Ta’ata a été inventorié pour la première fois en 1925 par l’archéologue Kenneth Emory. Il était en très mauvais état d’après ses témoignages, mais il discerna néanmoins les vestiges d’un ahu en pyramide à trois degrés – à l’image du marae Arahurahu*. Il faudra attendre près de 50 ans pour que le site bénéficie en 1973 de fouilles et de travaux sous la direction de José Garanger. Et là, plus de trace de la pyramide : les pierres ont été enlevées, emportées ailleurs…
En 1980, Dominique Legoupil procède à un contrôle extérieur des marae mis au jour et découvre des ossements humains.
Au nom de son patrimoine, le Pays achète 500m2 pour conserver et entretenir la parcelle sur laquelle les édifices sont situés, jusqu’alors placés sous l’égide de propriétaires privés. Le Service de la Culture en a la responsabilité et a effectué en 2004, 2005, 2008 et 2010 d’importants travaux de restauration. Depuis, le marae Ta’ata a retrouvé un peu de sa fierté et s’offre aux yeux du public, peu nombreux, qui veut s’imprégner de la force des ancêtres. Le Service a d’autres projets pour ce marae afin de le protéger et de le valoriser davantage, comme d’y apposer des panneaux explicatifs (histoire, archéologie), installer une palissade côté route, et sensibiliser la population avoisinante à la valeur de ce lieu de culte et de rites ancestraux. Car dans ces pierres est contenu un peu du souvenir et de l’âme de notre histoire.
ENCADRE
Pour en savoir plus sur la dernière opération de réhabilitation du marae Ta’ata : www.culture-patrimoine.pf
* Ancien nom de la côte ouest de Tahiti (de Outumaoro à Maraa).
* Paea, PK 22,5 côté montagne.