Ta’aroa, essence et origine du monde
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Rétrospective des peintures de Bobby Holcomb oblige, nous vous présentons ce mois-ci une œuvre incontournable de l’artiste appartenant au fond d’œuvres de la Maison de la Culture, « Ta’aroa ». Une peinture caractéristique de la signature de Bobby : symbolique, chaleureuse et esthétique.
« Ta’aroa (L’Unique) était l’ancêtre de tous les Dieux. Il créa tout. (…) Ta’aroa se tint dans sa coquille et dans les ténèbres pendant des millénaires. La coquille était comme un œuf qui tournait dans l’espace infini, sans ciel, sans terre, sans mer, sans lune, sans soleil, sans étoiles », écrit Teuira Henry, dans Tahiti aux temps anciens. Dans cet infini, il y avait néanmoins l’espace du ciel, de la terre, de l’océan et de l’eau douce. Pour créer le monde, Ta’aroa brisa sa coquille, sortant ainsi de la nuit, du vide et du silence. Avec sa coquille « Rumia », il fabriqua la terre, la pierre, le sable. De ses larmes, il couvrit la terre de la mer, de ses ongles, il couvrit d’écailles les créatures de l’océan, avec son sang, il composa l’arc-en-ciel. Les arbres étaient sa couronne. Le berceau de la vie était prêt à accueillir l’homme, la femme et les autres animaux de sa création.
Apprendre par le visuel
Comme toutes les œuvres de Bobby, « Ta’aroa » nous fait découvrir une légende polynésienne : celle de la création du monde. L’approche picturale du peintre est didactique, on déchiffre la composition comme on lirait une histoire. La lune, le soleil, l’arc-en-ciel, les animaux, la flore, etc. : tous les éléments fondateurs sont là, visibles et cohérents. Traditionnellement, les légendes polynésiennes se transmettaient oralement : Bobby souhaitait apporter sa contribution à cette coutume menacée de disparition ; il pensait que l’art pictural était un vecteur de connaissance durable et efficace. Car sa peinture, jamais énigmatique, est bel et bien à son image : simple, sincère, bienveillante.