Ti’i et compagnie
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Evoquer la diversité de nos histoires, de nos cultures et de nos esthétiques traditionnelles. Valoriser nos héritages culturels, témoins des origines de la Polynésie. Donner une visibilité à un patrimoine multiple souvent confondu. C’est en ces termes que l’on pourrait décrire les ti’i et tiki réalisés par l’association des élèves du Centre des Métiers d’Art pour l’hôtel Méridien.
Ils sont 14 jeunes artistes en formation à avoir travaillé, ensemble, à concevoir les sculptures destinées à l’entrée de l’hôtel Méridien, à Punaauia. Les élèves de 2ème et 3ème années de sculpture du on ne peut plus dynamique Centre des Métiers d’Art ont uni leurs talents pour réaliser six œuvres de 2,50 mètres de hauteur chacune : deux ti’i des îles de la Société, deux tiki des Marquises, un des Australes et un des Gambier. « Le directeur du Centre a confié à notre association ce projet pour nous mettre au défi », explique Warren Teng Koan Cheung, président de Hiva Ora, l’association des élèves du CMA. « Réaliser ces œuvres communes a été un échange très intéressant », confie quant à elle Vaihere Tauraa, élève de 3ème année et secrétaire de Hiva Ora. « Chacun a pu apporter ses idées et méthodes de travail. Ce fut un véritable challenge que nous sommes heureux d’avoir relevé, car nous avions deux semaines pour sculpter ces six tiki… Tout le monde a fait preuve de motivation et d’organisation pour y parvenir. »
Œuvres authentiques et… pédagogiques
Rendre hommage aux différentes identités de la Polynésie, telle était l’ambition de ce projet artistique. La statuaire polynésienne est l’un des faits artistiques les plus riches dans notre patrimoine et varie d’un archipel à un autre. De la finesse des formes des Australes à la richesse des motifs marquisiens en passant par la sobriété des contours de la Société, autant de valeurs caractéristiques de notre vaste Pays.
« Ce travail va plus loin qu’une simple commande de sculptures. Il y a un objectif pédagogique derrière : aider au financement du déplacement de 10 élèves du Centre au Putahi II*, en Nouvelle-Zélande en janvier 2011 », explique Warren. Souvenez-vous du premier Putahi, initié par le Centre des Métiers d’Art en juin dernier, avec la venue de professeurs et d’étudiants d’universités néo-zélandaises et hawaiienne. Ce rassemblement artistique et culturel polynésien, par les rencontres qu’il occasionne, entend encourager l’émergence de jeunes créateurs contemporains Polynésiens. Il avait donné lieu à une exposition surprenante et innovante, riche de partages et de créativité.
ENCADRE
Pourquoi des nouveaux ti’i au Méridien Tahiti ?
Nicolas Gauthier, directeur de l’hôtel, a souhaité accorder une place plus importante à l’expression artistique polynésienne dans son établissement, en édifiant ces six nouveaux ti’i. « A mon sens et d’un point de vue touristique, tout ce qui se rapporte à la culture ancestrale des Polynésiens est trop laissé pour compte. On connaît de la Polynésie ses lagons, ses perles, ses vahine, mais pas ses représentations artistiques traditionnelles pourtant si riches. Lorsque je suis arrivé à Tahiti, je m’attendais à trouver des sculptures, et notamment des tiki ou ti’i, partout… La réalité est toute autre, voilà pourquoi j’ai décidé d’installer à l’entrée du Méridien ces œuvres. Les lieux touristiques doivent refléter, valoriser la spécificité et la diversité de l’art polynésien. C’est aussi une manière de sensibiliser les visiteurs à la culture, leur permettant ainsi de découvrir facilement un de ses visages les plus authentiques. » Nicolas Gauthier a fait appel à Hiva Ora, l’association des élèves du Centre des Métiers d’Art pour concrétiser son projet, estimant que le CMA est le « garant de la pérennité de l’art traditionnel ». Et d’ajouter : « les élèves du Centre apprennent avec justesse et respect les formes culturelles, je savais que mon attente – avoir des œuvres à la fois originales et vivantes – serait comblée, participant en même temps au développement de la passion de ces jeunes artistes. »
* Sur le Putahi 1, voir Hiro’a n°33-juin 2010.