La collection d’objets de la Société des Etudes Océaniennes affectée au Musée de Tahiti des Îles
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Depuis 93 ans, la Société des Etudes Océaniennes, l’une des plus anciennes institutions culturelles du Pays, œuvre pour protéger, conserver et étudier l’héritage culturel polynésien. Sa collection d’objets, conservée au Musée de Tahiti et des Îles, a pu être affectée intégralement à l’Etablissement en octobre dernier, permettant à ces milliers de trésors d’envisager plus sereinement leur avenir.
La Société des Études Océaniennes est la plus ancienne société savante de Polynésie française. Elle a été créée le 1er janvier 1917 par un arrêté du Gouverneur Julien dans le but « d’étudier sur place, toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnologie, la philologie, l’archéologie, l’histoire et les institutions, mœurs, coutumes et traditions des Maoris de la Polynésie Orientale ». Il est aussi question de la conservation des monuments et objets ayant un intérêt historique ou artistique, avec la création, quelques mois plus tard, d’un musée « destiné à abriter les objets transportables dans un bâtiment fourni par le Territoire. » La S.E.O avait donc dès ses débuts la direction et la charge d’un musée d’ethnologie. Le gouvernement s’était en effet rendu compte de l’urgence qu’il y avait à rassembler et conserver des vestiges dont la disparition s’accélérait. Une des missions de la S.E.O consistait également à enrichir et diversifier les collections, mais les subventions étaient insuffisantes pour effectuer des achats de pièces intéressantes. Aussi, le noyau des collections fut d’abord composé par celles que le Frère Alain* (Joseph Guitton) avait patiemment réunies et qu’il remit généreusement à la S.E.O.
Lors de la création du Musée de Tahiti et des Îles en 1974, les collections ethnographiques, archéologiques et artistiques de l’ancien musée de Papeete qui étaient jusqu’alors gérées jusqu’à lors par la S.E.O ont été naturellement déplacées vers le nouvel l’établissement. Elles ont toujours constitué une part importante des collections exposées, car en plus des oeuvres du Frère Alain, la S.E.O avait réussi à réunir d’autres trésors du patrimoine polynésien. En tout, ce sont plus de 5 000 pièces qui ont été collectées (voir notre encadré).
Le devenir des objets est clarifié
La collection dite « de la S.E.O », en « dépôt » au Musée de Tahiti et des îles depuis presque 40 ans, n’était pas simple à gérer. En effet, le Musée de Tahiti n’étant que dépositaire des objets, « et par conséquent en toute logique juridique, si ces derniers pouvaient faire l’objet d’un gardiennage, ils ne pouvaient pas faire l’objet de dépenses par le Musée sur ses crédits, pour la restauration par exemple », explique Simone Grand, présidente de la S.E.O. Quelques dérogations ont néanmoins permis à certains objets de se refaire une beauté, mais à terme, « cela pouvait poser un réel problème, poursuit-elle. Nos prédécesseurs ont acquis et / ou reçus ces objets au nom de la S.E.O, pour la collectivité. Dorénavant, il semble logique que les objets deviennent la ‘propriété’ du Musée, parce que contrairement à nous, il a les moyens et les compétences pour les conserver. C’est même sa vocation. » En octobre 2010 était donc décidé l’affectation définitive de ces objets du patrimoine polynésien au musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha.
ENCADRE
Quelques objets phares de la collection
Selon Tara Hiquily, parmi les objets les plus importants de la S.E.O, on peut citer :
– Ceux qui ont été rachetés par la S.E.O tels que le diadème marquisien paekaha de la collection Butteaud, ou encore les ti’i et le fata de la collection Otcenasek de Papara.
– Ceux que les chercheurs ont transmis après leur collecte tels que la collection d’oiseaux naturalisés de l’expédition américaine de la Whitney, la collection des tiki de Ra’ivavae, l’ancienne pirogue de Tatakoto, et la « baleinière » de Vahitahi collectées par des chercheurs du Bishop Museum d’Hawaii.
– Ceux saisis par les autorités alors qu’ils étaient sur le point d’être emportés illégalement hors de Polynésie, tels que les tiki monumentaux de Atuona à Hiva oa et de Hane à Ua Huka…
– Et enfin, les dons des Polynésiens au musée de Pape’ete tels que les lances ‘omore, Havivo i te ra’i de Mo’orea, et celle de la grande chefferie de Teha’apapa de Huahine, ainsi que la majeure partie des ti’i, to’o et tiki, en bois, en corail et en pierre.
* Le Frère Alain, arrivé à Tahiti en 1879, a consacré sa vie à l’éducation. Il avait réservé une pièce de son école pour un musée d’ethnographie et d’histoire naturelle, constitué d’objets ethnographiques offerts par les élèves venus de tous les archipels (un masque de Tuteponganui de Hikueru (Tuamotu), des penu, des herminettes, etc.).