L’avenir du livre en question…
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« Ouvre un livre, c’est lui qui t’ouvrira », dit un proverbe chinois. Justifié, car lire est un moyen de savoir, d’imagination et de plaisir. Vous pourrez d’ailleurs en prendre toute la mesure pendant le salon « Lire en Polynésie », qui se déroule du 14 au 17 octobre à la Maison de la Culture. Mais un débat anime aujourd’hui l’univers du livre : doit-on, avec le développement du « tout » numérique, s’inquiéter de son avenir, mais aussi de celui des lecteurs ?
Les Polynésiens liraient peu, d’après certains professionnels de l’enseignement, qui cherchent des remèdes et des moteurs à ce qu’ils considèrent être l’effet de la tradition. La Polynésie était en effet une civilisation de culture orale certes, mais, 2 siècles après, peut-on toujours accepter l’argument ? Le développement de la lecture en Polynésie n’attend-t-il pas aussi depuis plusieurs dizaines d’années des instruments plus adaptés ? La seule bibliothèque qui existe à ce jour, vous la connaissez, est celle de la Maison de la Culture. Et malgré son intérêt, elle reste une bibliothèque sous-évaluée par rapport à la taille de Tahiti et du nombre d’habitants. Parce que dans les communes et dans les îles, il n’y a rien, aucun organisme de lecture publique. Pour tenter de pallier à ce manque, la Maison de la Culture a d’ailleurs mis en place il y a 3 ans le « Blbliobus », afin d’amener la lecture dans les districts de Tahiti. Mais cette opération ne peut suffire à résoudre le problème ni à combler tout le monde. Voici pour le premier constat.
Vous avez dit lecture numérique…
Ensuite, il y a cet autre élément d’incertitude qui pèse chez tous les éditeurs et libraires, de Tahiti comme d’ailleurs : les nouvelles technologies vont-elles faire disparaître le livre ?
Le marché, du moins en Polynésie, n’existe pas encore vraiment, et pourtant chacun sait que ses contours se dessinent de façon accélérée, et sans doute irréversible. D’où le sentiment d’urgence qui tenaille les acteurs de la chaîne du livre (auteur, éditeur, imprimeur, distributeur et libraire). Souvenez-vous, la musique avait connu cette même crainte et tentée de verrouiller tous les accès numériques, plutôt que de réfléchir à développer de nouveaux produits, de nouveaux modèles économiques. Les éditeurs réfléchissent donc depuis déjà quelque temps aux nouveaux contenus à créer et à la manière de contrôler leur distribution sur les nouveaux supports. Mais reste à savoir les modèles et les supports que les lecteurs plébisciteront le plus… Car si les journaux quotidiens ont déjà leur version électronique depuis longtemps, ce n’est pas le même type de lecture. Lire un roman ou une thèse implique plus de concentration et de confort, et lire assis devant un écran d’ordinateur ou de téléphone n’est pas du goût de tous. La réplique ? Les nouvelles tablettes « i-pad », ces écrans tactiles que l’on peut emmener partout avec soi, et qui ont une capacité de stockage aussi importante que votre ordinateur… « C’est certainement le premier objet interactif qui va faire entrer la lecture chez tout le monde », confie Dominique Morvan, professionnelle de l’édition qui participe en ce moment aux Journées femmes et écritures* . « En plus de pouvoir regarder des vidéos ou des photos, surfer, lire ses mails ou jouer, ces outils vont devenir notre ‘autre’ bibliothèque », poursuit-elle. On peut déjà, aujourd’hui, acheter des milliers de « livres numériques », publiés par certains éditeurs.
Nouveaux modes de lecture, nouveaux lecteurs ?
Pour de très nombreux lecteurs, il paraît clair que l’essor du livre numérique ne se fera pas au détriment du livre papier. Le plus probable sera la montée en puissance d’une double pratique : on lira chez soi sous format papier ses auteurs favoris, et on partira en voyage avec sa « liseuse » et les multiples titres qu’elle contiendra. Mais le livre numérique ne risque-t-il pas de détourner les plus jeunes du livre, déjà réputés pour lire peu ? « Moi je crois qu’au contraire, les nouvelles technologies vont ramener les jeunes vers la lecture, mais sous une autre présentation », dit Dominique Morvan. « Si l’objet ‘livre’ séduit peu les jeunes, il n’en est pas de même d’Internet… Cet outil va probablement les ramener vers la lecture. » Lire version numérique offre aussi d‘autres horizons, aussi séduisants que prometteurs, avec l’interaction d’images et de sons… Imaginez-vous en train de lire une histoire terrifiante, où il fait sombre et quand l’orage éclate, le bruit de celui-ci se met à gronder… Ce n’est qu’un exemple parmi les milliers de possibilités. Le livre numérique, c’est donc un autre livre, enrichi par d’autres médias (images, sons, vidéos) mais aussi de services additionnels : définitions de certains mots en direct, géolocalisation des lieux, etc.
Dans ce contexte si évolutif, riche de promesses comme d’interrogations, tous les atouts sont réunis pour faire du livre numérique une source de valeurs, pour la chaîne de l’édition, mais aussi avant tout pour les lecteurs, d’aujourd’hui ou de demain.
* Journées femmes et écritures, du 14 au 16 septembre, à l’Assemblée de Polynésie et à l’Université. + d’infos : www.assemblee.pf – 41 61 56.