La symphonie des costumes de danse de Tamarii Anuhi no Pueu
[singlepic id=376 w=320 h=240 float=left]
L’œuvre de ce mois-ci est à la fois unique et multiple, puisqu’elle concerne 4 costumes de danse présentés au Heiva par le groupe Tamarii Anuhi no Pueu de 1994 à 1997. Des œuvres d’une rare richesse dans l’utilisation des matières premières, pour des costumes qui reflètent, comme nul autre, la subtilité de notre nature. A contempler sous toutes les coutures !
Tamarii Anuhi no Pueu, de Mamie Stella
Les plus anciens d’entre nous se souviennent forcément de ce groupe de danse entré dans l’histoire des Heiva dans les années 1990. Istella Lehartel, dite Mamie Stella, est une figure de l’artisanat traditionnel et des femmes polynésiennes c’est-à-dire ?. Elle mène sa troupe au nom de la presqu’île et plus précisément du petit district de Pueu. Elle a mis tout son art au service de ses costumes de danse traditionnelle. Tamarii Anuhi reçoit d’ailleurs le prix Tila Mazière du plus beau costume aux Heiva i Tahiti de 1995 et 1996, ainsi qu’un prix spécial du jury en 1997, « pour sa contribution à la sauvegarde et à la valorisation de notre patrimoine culturel ». Cette même année, le groupe fut récompensé du 1er prix Hura ava tau (débutant).
Zoom sur des chefs d’œuvres d’artisanat traditionnel… par Manouche Lehartel
« Ce qui est vraiment intéressant dans les costumes de Tamarii Anuhi no Pueu, c’est qu’ils valorisent tous les métiers de l’artisanat. Mamie Stella n’importe aucune matière. Fibres, coquillages, graines, plumes, bois, etc., tout est trouvé dans la nature du district, ramassé, nettoyé, monté… Même les teintures sont réalisées de manière traditionnelle ! Ces costumes ne sont pas flamboyants, il faut les regarder de près pour les apprécier à leur juste valeur. A la limite, on pourrait même dire que ce ne sont pas des costumes de scène tant ils sont conçus dans le souci du détail, et non pas dans le « tape-à-l’œil ». La qualité du travail de confection est incomparable, laquelle est dominée par un souci pédagogique de valorisation des matériaux et des savoir-faire traditionnels qui ont déterminé la conception de ces costumes. »
1994 (costume vahine)
Ce costume est valorisé par la diversité et l’abondance des matières agrémentant le more (fibre de purau) blanchi, méticuleusement élaborées et disposées. On remarque la belle qualité et la blancheur du tapa de la ceinture, le travail des détails en fibre de more blanc, rouges et jaunes, ces dernières nuances provenant exclusivement de teintures traditionnelles. Le pitipiti’o (graine rouge) et le poro ati (fruit du tamanu), associés sur les puapua (suspensions en more), estampillent ce costume relativement sobre.
1995 (costume tane)
Le more (fibre de purau) blanc, le bois de purau blanc et le kere (toile de la base des palmes de cocotier) brun s’associent dans ce costume d’une exquise complexité et minutie. Les huero ‘aito, graines de l’arbre de fer, sont emprisonnées dans un filet en fibre de more teint en rouge et jaune. Les brins de more blanchi utilisés dans l’ornementation sont frisottés en leur extrémité à la manière du bolduc des paquets cadeaux. Les tronçons en bois de purau blanc contrastent avec les ti’anina (graines noires). Les ‘apu parau (valves de nacre) irisés, les pupu (petits coquillages) de couleurs vives, les fleurs en kere enrichissent ce costume opulent.
1996 (costume vahine)
Les classiques more et tapa blancs sont surchargés de huruhuru moa (plumes de poules et coqs). On relève l’utilisation à profusion du mautini (tige de la liane du potiron) à la délicate fibre blanche brillante, obtenue après une longue préparation et alliée au précieux pa’a ‘ofe blanc, paille extraite des jeunes bambous nécessitant un long travail et une technique séculaire, également spécialité de quelques familles du district de Tiarei, façonné en bouton de fleur. Tutui (noix de bancoul), pitipiti ‘o (graines rouges), nérites (coquillages noirs) et autres détails relèvent ce costume très raffiné.
1997 (costume vahine)
Les tapa, pa’a ‘ofe et more blancs abondent en lanières, boucles, en forme de fleurs simples, doubles, plissées, relevés de fibres de more teintes en jaune et rouge. Les couleurs vives des ma’oa (turbo) verts, pupu ra’iroa (petits coquillages) oranges, graines paina rouges, nérites noires, la brillance des poreho ‘uru (porcelaines tigrées), démontrent les infinies ressources de la nature environnante pour ceux qui savent en tirer le meilleur parti.
* Ces 4 costumes sont des dons de la Maison de la Culture.