Il y a du rire dans l’air avec Te Manu Tane, bientôt en DVD !
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L’ICA, en partenariat avec France Télévisions RFO Polynésie, Te Fare Tauhiti Nui & John Mairai, prépare actuellement l’édition DVD de la célèbre pièce de théâtre Te Manu Tane. Une comédie irrésistible qui se moque des mésaventures d’un personnage avide d’argent, habitué aux mensonges, mais aussi avec quelques tendances à l’oubli ; une caricature de la société polynésienne moderne qui vous fera hurler de rire !
Au mois de mai 1992, John Mairai présente à Tahiti une adaptation libre en tahitien de l’illustre comédie de Molière, le Bourgeois gentilhomme. Cette pièce, Te Manu Tane, littéralement, « l’homme oiseau », connaît alors un grand succès auprès des spectateurs polynésiens.
John Mairai résume ainsi la pièce dont il est le créateur, à partir d’une adaptation en français écrite par Monique Bachelier et Jean Paul Landé.
« Le personnage de Te Manu Tane est mal dans sa peau. Il a réussi financièrement. Il a de l’argent et c’est parce qu’il a de l’argent qu’il se permet de vouloir racheter la culture de ses ancêtres ma’ohi. Sa démarche est de corriger son professeur en reo ma’ohi, son professeur de danse, son professeur de rhétorique… Mais Te Manu Tane se prend à son propre piège, celui du ma’ohisme. Comme il est nanti, ses excès, ses excentricités le ridiculisent auprès de son entourage. Pourtant, il acquiert dans son ridicule, ou malgré son ridicule, une lucidité (…). Le « fou » parle, on le laisse parler, mais il dit ses vérités. Il se sent certes ridicule, mais prenant conscience de toute la tricherie qui foisonne autour de lui, il décide de continuer en s’amusant de ce qu’il voit. La dernière tirade de « L’oiseau homme » est sur le mensonge qui dirige tout : même quand on s’adresse à l’écho en disant « oui », c’est « non » qu’il vous renvoie. Le mensonge ambiant est tel qu’il arrive à fausser les lois de la nature. » (D’après une interview de Guy FEVE).
Le bourgeois gentilhomme, de Molière
Le 14 octobre 1670, Molière donne la première représentation du Bourgeois gentilhomme au château de Chambord, devant le roi Louis XIV et sa cour. La pièce résulte d’une commande du roi lui-même qui voulait un « ballet turc ridicule ». Louis XIV avait été affecté par le mépris manifesté par Soliman Aga, l’ambassadeur du Grand Turc (le sultan ottoman d’Istanbul), lors de la réception donnée en son honneur à Versailles l’année précédente. Insensible à l’attrait du « kawah » (le café) que l’ambassadeur avait fait découvrir à la Cour, le roi attendait de Molière qu’il le venge des mauvaises manières de ses invités. Le Bourgeois gentilhomme est donc un prétexte à railler la haute bourgeoisie de l’époque, avide de s’anoblir coûte que coûte. Monsieur Jourdain, un riche bourgeois (1), s’est mis en tête d’acquérir les connaissances et les belles manières qui lui permettront de fréquenter la noblesse (2). Maîtres d’armes, de philosophie, de musique et de danse se succèdent pour mieux l’escroquer. Las de toutes ces excentricités qui l’empêchent d’obtenir la main de Lucile, la fille de M. Jourdain, Cléonte, son amoureux, décide de donner une leçon à ce bourgeois qui se voudrait gentilhomme (3)…
Depuis trois siècles, le Bourgeois gentilhomme est toujours joué sur les planches des théâtres du monde entier et dans toutes les langues. Il y a autant de représentations dans sa version originale que d’interprétations modernisées, réadaptées aux mœurs de notre époque. Car malgré le temps, le fond du sujet n’a jamais pris une ride : la preuve bientôt avec Te Manu Tane !
1 Bourgeois : riche parvenu.
2 Noble : titre héréditaire de familles riches
3 La qualification de gentilhomme, portée en France jusqu’à la fin du 18ème siècle, était une dénomination propre aux hommes légitimement nobles. Ils possédaient alors la « gentillesse », c’est-à-dire la noblesse légale.