« La musique se vit et se partage »
Le 26 mars, se tiendra au Grand Théâtre l’inimitable concert des Petits Ensembles du Conservatoire. Le public comme les apprentis mélomanes, dirigés par Simon Pillard et Sébastien Vignals, seront entraînés dans une aventure musicale « à vent et à cordes ». Mais qui se cache derrière ces professeurs de violoncelle et de tuba ? Réponse en 10 points !
Vous êtes tous les deux professeurs de musique au Conservatoire : quel a été votre parcours avant d’en arriver là ?
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Simon Pillard : Mes études en France se sont déroulées en premier au conservatoire de région de Nantes, puis à la celui de la région de Paris et enfin au CNSMDP (conservatoire de Paris), où j’ai effectué mes études supérieures. J’y ai acquis mes diplômes de fin d’études en violoncelle, musique de chambre, déchiffrage, orchestre, etc., respectivement dans chacun de ces trois conservatoires. Parallèlement, j’ai travaillé comme intermittent à l’orchestre National de Lille, puis décroché un poste de second violoncelle solo à l’orchestre Pas de Loup de Paris, entre autres concerts dans divers festivals. Et puis j’ai découvert Tahiti en 1998 et n’en suis plus parti !
Sébastien Vignals : J’ai fait mes études musicales à l’école de musique municipale de Bondues, en métropole (formation musicale et tuba). Après avoir obtenu le diplôme de fin d’études, j’ai poursuivi au Conservatoire de Tourcoing en formation musicale et en contrebasse à cordes. Ne me destinant pas à être musicien professionnel, j’ai toutefois accepté l’offre qui m’a été faite en 1999 par le directeur du Conservatoire de Polynésie de l’époque, Colin Raoulx, pour intégrer le corps enseignant (classes de formation musicale, de tuba et responsable d’orchestre 1er cycle). La même année, j’ai passé et eu le 1er prix du Conservatoire de Polynésie en tuba.
Que représente la musique pour vous et plus particulièrement votre instrument de prédilection ?
Simon Pillard : La musique est mon activité principale. Ici, je la vis essentiellement à travers l’enseignement et la pédagogie.
Sébastien Vignals : J’ai toujours baigné dans la musique, dans une famille de musiciens. Il a été naturel pour moi d’apprendre la musique dès le plus jeune âge. Ensuite, vers l’adolescence, c’est devenu une passion, un langage à part entière pour s’exprimer. Mon instrument de prédilection est le tuba, que je joue dans les orchestres du Conservatoire et dans divers groupes. D’autre part, je joue de la guitare basse dans divers groupes de rock locaux.
L’enseignement : vocation, passion ou travail ?
Simon Pillard : La vocation était là, sans doute grâce à l’éducation et l’intérêt que portait ma famille à la pédagogie autour de l’art et de la musique. La pratique de l’enseignement est venue plus tard.
Sébastien Vignals : Tout d’abord vocation, car l’enseignement est un métier que je ne changerais pour aucun autre. La musique est une passion, l’enseigner est une chance !
Lorsque l’on atteint votre niveau, comment progresse-t-on encore ?
Simon Pillard : Toutes les recettes sont bonnes, pourvu qu’elles fonctionnent et tiennent dans le temps.
Sébastien Vignals : En premier lieu, il faut commencer la musique très jeune afin d’acquérir des automatismes qui deviennent très vite naturels. Ensuite, il est essentiel de côtoyer d’autres musiciens, car on apprend beaucoup de l’expérience des autres. Pour progresser, il faut continuer à travailler son instrument avec une grande exigence !
Le concert des Petits Ensembles est un événement important pour vous et vos élèves chaque année. Dites-nous en un peu plus sur la préparation, le travail de chacun, les attentes ?
Simon Pillard : Il faut donner le maximum de chance aux élèves pour leur permettre de comprendre que ce qu’ils peuvent faire ensemble peut être merveilleux. Il faut aussi savoir leur donner les bons outils afin d’y parvenir. Enseigner se passe parfois dans la bonne humeur et la joie mais aussi dans la transpiration et les rappels à l’ordre !
Sébastien Vignals : Un concert avec un orchestre de jeunes élèves se prépare tout au long d’une année scolaire, en répétition. C’est là que la personnalité du chef d’orchestre intervient. C’est un moment apprécié des élèves, car ils marient leurs sons avec tout l’orchestre. Avant d’intégrer un orchestre, les élèves pratiquent leur instrument seul ou avec leur professeur. Il s’agit donc d’obtenir le meilleur de chacun afin d’avoir un « vrai son », un ensemble harmonieux. Notre attente est commune : faire la meilleure prestation possible pour qu’ils soient fiers d’eux, ainsi que leurs parents et le reste du public.
Donner des concerts, est-ce le meilleur moment pour un musicien ?
Simon Pillard : Entre autres, oui !
Sébastien Vignals : Oui, sans hésitation, car c’est le moment où les répétitions trouvent leur sens. La confrontation avec le public génère en principe beaucoup de trac pour les élèves mais les applaudissements viennent récompenser tout le travail accompli. On constate très souvent après le concert, dans les coulisses, une certaine euphorie chez ces jeunes musiciens.
Quels sont vos goûts musicaux ?
Simon Pillard : J’ai des goûts très éclectiques mais en pratique, je reste branché sur le classique.
Sébastien Vignals : Mes goûts musicaux sont très larges. J’aime la grande musique classique, en particulier Prokofiev et Wagner, mais aussi le jazz, le rock (Seventies, Led Zeplin, Black Sabbath), le hard rock (Pantera, Metalica) et encore la musique électro comme Boudah Bar, St Germain.
Localement, quels sont les musiciens que vous respectez le plus ?
Simon Pillard : Dans la musique, le respect est une règle de vie comme le nombre d’or… Je pense qu’il ne faut pas se prendre la tête avec ça, la musique se vit et se partage tout simplement.
Sébastien Vignals : Les musiciens que je respecte le plus sont au quotidien avec moi au travail : Jérôme Descamps, Stéphane et Frédéric Rossoni, avec qui tous les jours nous partageons notre passion commune. Autrement les 2 frères « extra-terrestres » Christian et Mato Chebret, qui ont un jeu explosif et de très haut niveau, ainsi que mon batteur « chouchou » Yann Lucas.
Les instruments classiques sont-ils bien perçus, intégrés, utilisés dans l’univers de la musique « polynésienne » ?
Simon Pillard : L’univers musical polynésien est dans son ensemble ouvert à tous les genres et influences. Pour la petite île que nous sommes, il se passe beaucoup de choses niveau musique, nous n’avons rien à envier aux autres pays. Mais si l’on veut que cela dure, il ne faut pas laisser tomber les infrastructures, les écoles, ainsi que les représentants de cette culture musicale et artistique.
Sébastien Vignals : Ce sont deux mondes complètement différents, trop peu souvent associés. Frédéric Rossoni et Jérôme Descamps ont déjà arrangé des morceaux en mariant ces deux mondes. Je trouve ça fort agréable à l’oreille ! Pour la petite info, sachez qu’il y aura aussi un peu de tuba dans le prochain album de Tikahiri, à la demande des frères Salmon… Ce groupe est un parfait exemple de métissage des genres réussis.
Quels sont vos projets à venir ?
Simon Pillard : Mes rencontres musicales avec le groupe Tikahiri, des concerts en prévision, mes élèves, et toujours le travail autour du répertoire pour violoncelle qui a plus de 300 ans d’histoire musicale écrite sur partition, donc beaucoup d’occupations en perspective !
Sébastien Vignals : Continuer à enseigner dans notre belle école de musique qu’est le Conservatoire et jouer avec mes amis dans divers groupes et divers styles.
Encadré
Concert : les Petits Ensembles du Conservatoire
Comme le veut chaque année un calendrier désormais bien établi, les jeunes musiciens du Conservatoire et leurs professeurs nous invitent à vivre et partager un beau voyage dans l’univers de la musique classique, chère aux mélomanes. Devant leurs parents, frères et sœurs, amis, mais également devant un public à chaque fois plus nombreux, nos jeunes concertistes vont chacun avec leur ensemble – flûtes et clarinettes, petit orchestre, petite harmonie, formations de chambre, chorale des enfants, percussions et guitare – et parfois en solistes nous montrer qu’ils savent affronter avec talent et maestria les feux de la rampe. Un spectacle souvent touchant, une soirée familiale par excellence.
Où et quand ?
- Grand Théâtre de la Maison de la Culture
- Vendredi 26 mars, à 18h30
- Billets en vente sur place au tarif de 500 Fcfp pour les enfants (- de 12 ans), 1 000 Fcfp pour les adultes
- + d’infos : www.maisondelaculture.pf / www.conservatoire.pf
A ne pas manquer aussi : le concert de la grande chorale, entièrement consacré aux airs célèbres et aux grands chœurs de l’Opéra.
Hôtel Hilton, vendredi 12 mars à 19h30
Entrée gratuite