La culture polynésienne à l’épreuve de Facebook
[singlepic id=242 w=320 h=240 float=left]
Grandes marques, villes, stars, personnages politiques, entreprises, établissements scolaires et culturels, aujourd’hui, tout le monde ou presque à son interface Facebook – même le Vatican ! On recense près de 320 millions d’inscrits. Les réseaux sociaux ont bouleversé en quelques mois seulement le système social, économique et culturel dans lequel nous évoluions jusqu’à présent. Comment les acteurs culturels appréhendent ces nouveaux outils, quels sont les horizons à découvrir, ainsi que les risques ?
« Autrefois, en Polynésie, la culture était transmise oralement. Ensuite, le livre était sa principale source de diffusion. Aujourd’hui, la culture est véhiculée par Internet », explique Olivier Babin, président de l’association Richesses du fenua, à l’origine de www.tahitiheritage.pf. Et de poursuivre : « même la manière de diffuser la culture sur Internet a évolué. Au début, on accédait aux informations via des sites ‘statiques’. Plus tard, l’internaute a eu la possibilité de participer à l’élaboration des contenus et désormais, l’information vient directement à l’internaute qui s’inscrit sur les sites qui l’intéressent. » Ces évolutions dans l’évolution ne cessent décidément pas de nous interpeller… Et oui, la culture bouge !
« Exploiter les particularités d’Internet pour diffuser la culture »
Tel est le credo de www.tahitiheritage.pf, qui incite les lecteurs à participer au contenu du site en proposant un nouvel article, en laissant des commentaires ou en envoyant des images. « Les commentaires permettent d’enrichir le contenu de nos fiches mais également de régler le problème délicat des différentes versions de chaque histoire », avoue Olivier Babin. « Aujourd’hui, je trouve que l’on admet de mieux en mieux la possibilité de ne pas avoir une seule vérité, mais plusieurs ».
Souhaitez-vous devenir « fan de… » ?
Souhaitez-vous devenir « fan » du Musée du Quai Branly à Paris, des arts maori de Nouvelle-Zélande ou des Moai de Rapa Nui ? En Polynésie, vous pouvez devenir fan de Tahiti Heritage ou encore « ami » avec l’ICA, Heiva Nui…
Entre interfaces personnelles et commerciales, ce genre de pages Facebook donne aux utilisateurs la possibilité de recevoir en direct des actualités, des invitations, des articles, des images, sur des sujets auxquels ils sont a priori sensibles, puisqu’ils ont choisi de devenir « fans » ou « amis » : d’un groupe, d’un concept, d’un personnage, mais aussi de milliers de pages culturelles, fruit du travail d’associations, établissements et autres structures publics et privés.
« La page Facebook est un complément du site Internet. En ce qui nous concerne, elle nous permet d’animer le site tahitiheritage.pf », indique Olivier Babin. « Nous remettons des fiches au goût du jour régulièrement pour inciter les visiteurs à revenir sur le site », dit-il. « Les gens s’inscrivent d’eux mêmes – nous avons 869 fans à ce jour – mais peuvent aussi se desinscrire aussi vite, c’est pourquoi nous devons opter pour une stratégie de diffusion de l’information : ni trop – pour ne pas polluer -, ni trop peu – pour ne pas être oublié. Le but est d’intéresser les internautes, de leur permettre d’avoir un accès bref et ludique à nos contenus et de les partager dans la sphère Facebook. L’avantage, c’est que les réactions sont instantanées, on peut donc immédiatement réorienter nos choix en conséquence. Nous testons petit à petit divers éléments et analysons la réaction des fans », ajoute-t-il. « En fonction des sujets envoyés, nous regardons la courbe des « fans » : si elle monte, c’est bon, sinon, il faut changer de cap ! Certains sujets plaisent plus que d’autres (les fleurs par exemple), ensuite, l’heure et le jour de l’information ont leur importance… Le samedi matin, les sujets nature fonctionnent bien. La semaine, on peut proposer davantage de sujets tournés vers le patrimoine. Enfin, il est intéressant de constater que l’on a autant de fans en Polynésie que partout ailleurs dans le monde. » Les potentialités de Facebook n’en finissent pas de nous surprendre.
Culture et Facebook : oui, mais…
Les plates-formes collaboratives sont donc devenues de véritables vecteurs d’ouverture sur le savoir et, à condition de bien s’en servir, représentent des sources d’apprentissage incontestées. « Elles permettent de transposer la culture polynésienne au monde actuel. C’est une nouvelle façon de la rédiger et de la montrer », estime Olivier Babin, « d’autant que la transmission orale, en Polynésie, a sauté une génération, et le livre n’a pas permis son rayonnement. Internet est peut-être la réponse, car il permet de ‘graver dans le marbre’ la culture orale tout en conservant son caractère composite, grâce aux outils de commentaires et de partage. Et par le biais de Facebook, on diffuse la culture à dose homéopathique, doucement mais sûrement ! ».
Conclusion : tous ces outils sont de formidables ouvertures et permettent de toucher des publics très variés, mais ne doivent pas devenir l’unique manière de « consommer » de la culture. A bon entendeur !
ENCADRE
Ce site, crée par l’association « Richesses du fenua », constitue une base de données de plus de 2 600 pages et 2 000 photos sur notre patrimoine, en plus de nous faire découvrir nos cinq archipels de manière insolite. www.tahitiheritage.pf est une « encyclopédie collaborative du patrimoine polynésien » qui recense sa richesse historique et naturelle. Six rubriques sont développées : arbres remarquables, monuments naturels, espaces naturels, sites historiques et pittoresques, sites archéologiques, sites légendaires avec à chaque fois de nombreuses informations illustrées. Il y a même la carte des Tupapa’u de Tahiti, fantômes et autres maisons hantées : un guide indispensable pour vos promenades nocturnes !