« Le monoi est un art de vivre et de bien-être »
[singlepic id=180 w=320 h=240 float=left]
Daniel Languy est à la tête de l’entreprise familiale, Tiki Parfumerie, créée par son père en 1942. Le petit flacon « avec la fleur de tiare » est aujourd’hui connu dans le monde entier. Un produit 100% polynésien qui résume à lui tout seul le parfum de nos îles. Tiki parfumerie est le premier producteur et exportateur de monoi, et Daniel Languy a également la lourde tache, cette année, de présider le GIMT (Groupement Interprofessionnels du Monoï de Tahiti). Rencontre.
Te souviens-tu de ta première rencontre avec le monoi?
Sincèrement, non ! J’ai tellement toujours baigné dedans que je ne peux pas me souvenir d’une rencontre exacte. Au départ, nous faisions le monoi avec mon père dans la cour de la maison familiale. J’y passais beaucoup de temps, petit. Coller les étiquettes sur les flacons, fermer les bouchons, mettre dans les cartons…
C’est toi qui a souhaité prendre la relève de la société familiale ?
C’était comme une évidence. J’ai fait des études de commerce aux Etats-Unis afin d’acquérir des bases solides pour la gestion d’une entreprise. Ma sœur a fait des études de biologie. Elle s’occupe de la partie qualité de nos produits, et plus particulièrement des dossiers techniques liés à l’exportation. Une de mes filles prépare actuellement des études de comptabilité. Tiki Parfumerie est et reste une affaire de famille !
Que représente ce produit pour toi ?
Il fait partie intégrante de ma vie. Comme tous les Polynésiens, j’en ai toujours à la maison. L’utilisation du monoi est ancrée dans notre quotidien à tous. Pour les massages, pour aller à la mer, pour hydrater, cette huile a tellement d’usages et de vertus !
Comment se passe la production de votre monoï ?
[singlepic id=181 w=320 h=240 float=left]Nous achetons les tiare aux plantations de Tahiti et l’huile de coprah à l’huilerie de Tahiti. Nous achetons également tous les autres produits qui parfument le monoï : santal, ylang, coco, vanille, etc. Tiki Parfumerie produit 50 tonnes d’huile de monoi par an.
Comment se porte le marché local ?
Depuis toujours, le monoi reste un produit d’utilisation journalière. Nous essayons d’avoir une approche qui respecte la tradition tout en alliant ce qu’il faut de modernité. Nous respectons des contraintes de qualité importantes, afin de garantir un produit fiable. Nous avons la certification ISO 9001, l’appellation d’origine….
Ces contraintes sont surtout requises pour l’export ?
Oui. Notre monoi est exporté depuis 30 ans. Auparavant, l’export représentait 70% de notre production, aujourd’hui, et malgré toutes les progressions en terme de qualité, elle n’est plus que de 30%.
Comment a évolué la perception et l’utilisation du monoi à l’international ?
Dans les années 1970, c’était la grosse mode du soleil et du bronzage. Le monoi était considéré comme une huile solaire bronzante, il était très demandé. Tiki Parfumerie était la seule entreprise à offrir un produit « 100% polynésien », fabriqué et embouteillé à Tahiti. Mais à cause de la distance et des coûts, les acheteurs achetaient et continuent d’acheter davantage en vrac pour conditionner et distribuer eux-mêmes les produits à base de monoi. Et puis ce n’est plus la mode du soleil depuis longtemps !
Justement, parvenez-vous à faire évoluer cette image ?
C’est pour cela que le GIMT est là : afin d‘inspirer et de promouvoir les nouvelles tendances et nouveaux besoins auxquels répond le monoi, de manière à faire en sorte qu’il ait toujours sa place dans le monde de la cosmétologie. Ce qui est paradoxal, c’est qu’à l’étranger, le monoi est perçu comme une huile solaire alors qu’ici, il est utilisé pour se protéger du froid ! Nous travaillons donc à faire connaître et évoluer les multiples intérêts de cette huile, ses bienfaits comme les innovations possibles.
Quelles sont les perspectives du monoi?
A mon sens, elles passent d’abord par la valorisation de son utilisation première et de ses valeurs essentielles. Le monoï est une huile de soin, adoucissante, hydratante et protectrice, au même titre que l’huile d’amande douce ou d’argan. Nous avons la chance d’avoir une vraie différenciation : le monoi vient de Tahiti, avec toute l’imagerie paradisiaque que cela induit. La tendance actuelle est celle des spas et du massage. Le monoi a toute sa place dans cet univers. Nous faisons la promotion du massage et des soins polynésiens à l’étranger, leurs particularités, leurs atouts. Car le massage est bien plus qu’une mode, et, comme le monoi, est un art de vivre et de bien-être.
Ton sentiment sur la semaine du monoi – monoi here ?
Cette initiative est formidable. Il s’agit du seul événement où tous les intervenants de la filière monoï sont rassemblés. Artisans, producteurs, industriels, nous essayons de tous nous entendre afin de faire découvrir au public toutes les facettes du produit, de sa création aux produits finis en passant par ses utilisations et vertus. En quelques années, la filière s’est beaucoup professionnalisée et diversifiée. Et pourtant, en Polynésie, le produit comme ses usages n’ont pas tant changé sur le fond. Les Polynésiens sont fidèles aux valeurs traditionnelles du monoi. C’est ce qui fait sa force et son authenticité car cette huile a une histoire.