Le pe’i de Mangareva
21 juin 2009
Pour inaugurer l’exposition « Mangareva », une cinquantaine de danseurs et de musiciens du groupe Toromiki Agaauru, dirigé par Dany Paheo, sont venus de l’archipel des Gambier pour jouer la scène de la conception de ‘Ina One, la femme de sable, par Tiki le premier Homme, qui est à l’origine des Mangaréviens. Un spectacle rare donnant l’occasion au public de découvrir une oeuvre typiquement mangarévienne peu connue : le pe’i.
La danse mangarévienne peut être considérée comme une œuvre culturelle unique, qui su a traverser les âges au même titre que les objets actuellement exposés au Musée de Tahiti. « Pe’i signifie ‘battement de pied sur la terre’ », explique Père Uebe. « C’est le nom donné à la danse des Gambier. On estime qu’elle est très ancienne. Les premiers à l’avoir décrite sont les missionnaires, au 19ème siècle. Le pe’i était dansé à toutes occasions et prenait source dans des thèmes très variés. La première fois que les missionnaires ont assisté à un pe’i, c’était lors d’un décès. »
A la source de la danse
Percussions lancinantes, sobriété gestuelle et chorégraphique, rythmique simple et répétitive, hypotonique même, la danse de Mangareva est remarquable à bien des niveaux. Le pe’i, oeuvre venue de la nuit des temps, nous projette littéralement à la source de la danse, dans sa simplicité et son authenticité. « On estime que le pe’i a subi très peu de changement, il a conservé une forme et un sens très profonds », révèle Père Uebe. Une originalité dont les Mangaréviens sont fiers, mais dont le devenir est fragile… Car aujourd’hui, les danses polynésiennes se résument bien souvent au célèbre ‘ori Tahiti, qui pourrait, par sa renommée et son esthétique, facilement être adopté partout et supplanter les autres danses. Or, à l’origine, il y a autant de différence entre les danses des Marquises et de Hawaii qu’entre celles de Tahiti et des Gambier. « De nos jours à Mangareva, le pe’i est toujours pratiqué et enseigné. Mais deux perceptions s’affrontent : le conserver tel quel ou le faire évoluer ? Je pense pour ma part qu’il n’y a pas de dilemme. Les deux visions sont légitimes. Il est important de conserver son identité culturelle et d’avancer avec son temps. »
Merci aux actions de Xavier Aukara, Président du comité des fêtes du Heiva de Mangareva et à la mairesse Monique Richeton, sans lesquelles ce spectacle n’aurait été possible.