” Un bon film repose sur une équipe ” – Catherine Marconnet, Productrice
Quel est ton parcours ?
Après avoir fait des études de journalisme et d’attachée de presse, j’ai travaillé un moment dans la presse écrite avant d’intégrer la société Bonne Pioche Productions, spécialisée dans le film documentaire. J’ai fait mes armes là-bas pendant 8 ans, en commençant en bas de l’échelle. De secrétaire de production, je suis devenue assistante réalisateur pour finir productrice exécutive… J’ai travaillé sur de nombreux films, et notamment comme directrice de production sur le documentaire « La marche de l’empereur »*, qui a connu un grand succès international.
En quoi consiste le métier de producteur ?
Il s’agit de rassembler toutes les compétences pour mener à bien la réalisation d’un film, et d’en trouver le financement. Le producteur est celui qui donne forme à l’idée originale de départ (le scénario d’un réalisateur) en assurant sa diffusion (au cinéma, à la télévision).
Comment as-tu « atterri » à Tahiti ?
Je suis venue m’installer à Tahiti il y a presque 3 ans, pour suivre mon mari qui est Polynésien. Pour notre vie familiale – nous avons un petit garçon – c’était mieux. De productrice à Paris, je suis passée mère au foyer à Tahiti ! Il a fallu s’adapter mais je ne regrette pas ce choix de vie.
Tu as donc du reprendre ta carrière à zéro ?
Oui, et je suis d’ailleurs toujours en phase de développement. Le FIFO a été une bonne porte d’entrée, puisqu’on m’a proposé de faire partie du jury de présélection du FIFO dès 2007. Progressivement, je me suis fait connaître ça et là et je parviens donc à travailler de plus en plus. Actuellement, je suis coproductrice avec Archipels Productions de l’émission « Fare, le magazine qui dit tout sur la maison », diffusée sur RFO. J’ai également quelques projets de documentaires en développement.
Que penses-tu de l’Association Tahitienne des Professionnels de l’Audiovisuel (ATPA) ?
J’en suis la trésorière ! L’ATPA est une « enfant » du FIFO. Elle est née de ce festival qui a permis aux professionnels de l’audiovisuel de Tahiti de se connaître et de se rassembler. Localement, les métiers de l’audiovisuel commencent à peine à être reconnus comme des métiers à part entière. L’association a pour mission première de participer à la définition d’une politique de l’audiovisuel pour le Pays et à la professionnalisation de ce secteur d’activité. L’ATPA nous permet de nous structurer et de nous faire entendre. C’est primordial car ici comme partout ailleurs, il y a beaucoup à faire en matière d’audiovisuel.
Quand vas-tu produire un documentaire pour le FIFO ?
Je ne pense pas qu’il faille produire un documentaire « pour » le FIFO, mais parce que tu crois au sujet. En revanche, si je produis un documentaire et qu’il correspond aux critères du FIFO, ce sera un plaisir de le présenter ! Il faut avouer toutefois que la barre est de plus en plus haute ! Les Australiens et Néo-Zélandais nous offrent des films de très grande qualité…
Quel documentaire projeté lors du FIFO t’a particulièrement marqué ?
C’est difficile à dire… Il y en a beaucoup et je préfère ne rien dire pour cette année ! « Mister Patterns » et « Tjibaou, le pardon »*, m’ont beaucoup émue. Mais l’appréciation d’un film est tellement subjective. En fonction de sa personnalité, on est plus sensible à certains sujets qu’à d’autres, sans que cela ne doive remettre en question la qualité d’un film.
Et localement, quel est le documentaire qui t’a fait le plus d’effet ?
Sincèrement, cela m’ennuierait d’en citer un spécifiquement car ce sera forcément au détriment d’un autre, alors que j’estime que tous les réalisateurs et producteurs locaux vont aujourd’hui dans le même sens. Tout le monde commence à mettre en place de vraies équipes de tournage et les films gagnent en qualité. Grâce notamment à la création de l’APAC*, le secteur se professionnalise et les réalisateurs peuvent enfin commencer à travailler dans de bonnes conditions. Avant, ils devaient tout faire seuls, alors qu’un bon film repose avant tout sur une équipe. On ne peut pas avoir les bonnes compétences dans tous les domaines !
Peux-tu nous en dire un peu plus sur tes futurs projets de production ?
Je développe un sujet de documentaire avec Eric Conte, ethno-archéologue, sur une île peu connue des Gambier : Temoe. Les recherches déjà menées par lui et ses équipes sont très intéressantes. Peut-être que cela pourrait nous en apprendre davantage sur le peuplement et l’origine du peuple polynésien… J’ai un autre projet de documentaire avec Eliane Kohler, qui mène une enquête sur l’enfance fa’a’amu.
Quel message souhaites-tu adresser aux professionnels locaux de l’audiovisuel ?
Je n’ai pas une « parole d’évangile », mais je crois pouvoir dire qu’un bon film ne se fait pas tout seul.
*Ce magnifique documentaire nous fait découvrir la vie des manchots empereurs en Antarctique et leur mode de reproduction. En 2006, il a obtenu l’Oscar du meilleur film documentaire.
* APAC : Aide à la Production Audiovisuelle et Cinématographique.
* Pour le détail de ces films, voir sur www.ica.pf (FIFO 2007).
*ATPA : Association Tahitienne des Professionnels de l’Audiovisuel.